(Auschwitz) Un groupe de survivants des camps d’extermination nazis a souligné le 79e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau pendant la Seconde Guerre mondiale, lors d’une modeste cérémonie samedi dans le sud de la Pologne.

Une vingtaine de survivants de divers camps établis par l’Allemagne nazie à travers l’Europe ont déposé des couronnes et des fleurs devant le Mur de la mort à Auschwitz et ont allumé des bougies.

Plus tard, le groupe, accompagné de représentants de l’État et d’autres participants, s’est réuni pour une cérémonie près d’un baraquement en brique pour femmes à Birkenau, récemment restauré. Ensuite, ils ont prié et allumé des bougies devant le monument de Birkenau, près des ruines du crématoire.

Les survivants ont rendu hommage à environ 1,1 million de victimes des camps, dont la plupart sont des Juifs. Le site commémoratif et le musée sont situés près de la ville d’Oswiecim.

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Des survivants de la Shoah et des proches se sont rendus samedi au camp d’Auschwitz-Birkenau pour commémorer le 79anniversaire de sa libération.

Des cérémonies ont également eu lieu samedi dans de nombreux autres pays. Près de six millions de Juifs européens ont été tués par les nazis pendant la Shoah – le massacre de Juifs et d’autres groupes avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les troupes soviétiques de l’Armée rouge ont libéré Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1945.

À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, les survivantsétaientaccompagnés de la présidente du Sénat polonais Malgorzata Kidawa-Blonska, du ministre de la Culture Bartlomiej Sienkiewicz et de l’ambassadeur israélien en Pologne Yacov Livne.

Halina Birenbaum, une survivante de 94 ans, a été amenée à parler à côté de la baraque 27, où elle a passé une partie du mois d’août 1943 jusqu’à l’évacuation forcée à pied des détenus du camp le 18 janvier 1945.

Elle a déclaré que la souffrance et la tragédie des gens dans les guerres contemporaines et lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre étaient « douloureuses » pour elle et étaient une extension de son expérience à Auschwitz.

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Le chancelier allemand Olaf Scholz

M. Livne, l’ambassadeur, a défendu les représailles massives d’Israël à Gaza.

« Nous espérions que les leçons de l’Holocauste auraient été apprises. Pourtant, aujourd’hui, nous sommes étonnés par les accusations de génocide contre l’État juif alors que nous luttons pour notre existence », a-t-il soutenu.

Le thème des célébrations était la souffrance de l’être humain, symbolisée par des portraits simples dessinés à la main des détenus du camp, projetés sur un écran lors des célébrations à Birkenau.

En Allemagne, où des gens ont déposé des fleurs et allumé des bougies devant les mémoriaux des victimes de la terreur nazie, le chancelier Olaf Scholz a soutenu que son pays continuerait à porter la responsabilité de ce « crime contre l’humanité ».

Il a appelé tous les citoyens à défendre la démocratie allemande et à lutter contre l’antisémitisme, alors que le pays commémorait la libération d’Auschwitz.

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La première ministre italienne Giorgia Meloni

« ’’Plus jamais’’, c’est tous les jours, a lancé Olaf Scholz dans son balado hebdomadaire. Le 27 janvier, nous interpelle : restez visibles ! Restez audibles ! Contre l’antisémitisme, contre le racisme, contre la misanthropie – et pour notre démocratie. »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays lutte pour repousser l’invasion à grande échelle de la Russie, a publié une image d’une menorah juive sur X, anciennement Twitter, pour marquer cette journée de commémoration.

« Chaque nouvelle génération doit apprendre la vérité sur la Shoah. La vie humaine doit rester la valeur la plus élevée pour toutes les nations du monde », a déclaré Volodymyr Zelenskyy, qui est juif et qui a perdu des proches dans l’Holocauste.

Des manifestations propalestiniennes en Italie

En Italie, les commémorations de la Shoah comprenaient une procession aux flambeaux accompagnée de déclarations officielles de hauts dirigeants politiques.

La première ministre italienne Giorgia Meloni a soutenu que son gouvernement nationaliste conservateur était déterminé à éradiquer l’antisémitisme qui, selon elle, avait été « revigoré » en raison du conflit entre Israël et le Hamas.

Les détracteurs de Mme Meloni l’accusent depuis longtemps, ainsi que son parti des Frères d’Italie, aux racines néofascistes, de ne pas avoir réussi à expier suffisamment leur passé.

Des militants propalestiniens ont organisé des rassemblements, ignorant l’ordre de la police de reporter les manifestations à un autre jour. Il y a eu de brefs affrontements avec la police à Milan et avec des militants lors d’un « sit-in » à Rome, qui ont insisté sur le fait qu’ils ne manifestaient pas contre les Juifs, mais simplement contre ce qu’ils appelaient le « génocide » à Gaza.

La communauté juive d’Italie s’est plainte du fait que de telles manifestations ont récupéré la mémoire de la Shoah et ont été utilisées contre les Juifs.

À Rome, l’étudiant italo-palestinien Amr Shahin a déclaré qu’il était approprié de protester contre ce qu’il a appelé « le génocide » à Gaza à l’occasion de la Journée de commémoration de la Shoah.

« Malheureusement, cela se produit à nouveau en Palestine, précisément parce que cela s’est produit avant, nous devons apprendre de nos erreurs, et il est encore plus important de renforcer ce concept aujourd’hui », a-t-il affirmé.

Des ressources nécessaires à la préservation du camp

En Bosnie-Herzégovine, des juifs et des musulmans du pays et de l’étranger se sont réunis à Srebrenica pour célébrer ensemble la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste et pour promouvoir la compassion et le dialogue dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.

L’évènement a été organisé par le centre préservant la mémoire du seul génocide reconnu en Europe depuis la Shoah : le massacre en 1995 de plus de 8000 Bosniaques musulmans à Srebrenica lors de la guerre interethnique en Bosnie.

Le rassemblement a souligné le message selon lequel les deux communautés partagent l’expérience de la persécution et doivent rester unies dans leur engagement en faveur de la paix.

Préserver le camp, symbole notoire des horreurs de la Shoah, avec son portail cruellement trompeur « Arbeit Macht Frei » (« Le travail rend libre »), nécessite des efforts constants de la part des historiens et des experts, ainsi que des fonds substantiels.

Les nazis, qui ont occupé la Pologne de 1939 à 1945, ont d’abord utilisé l’ancienne caserne militaire autrichienne d’Auschwitz comme camp de concentration et de mort pour les résistants polonais. En 1942, les casernes en bois, les chambres à gaz et les crématoires de Birkenau furent ajoutés pour l’extermination des Juifs, des Roms et d’autres ressortissants d’Europe, ainsi que des prisonniers de guerre russes.

Depuis 1979, le site d’Auschwitz-Birkenau est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.