(Ottawa) L’envoyée spéciale canadienne pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme soutient que la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste n’a jamais été aussi importante et poignante qu’en 2024 à cause de la montée de l’antisémitisme provoquée par la guerre en cours au Moyen-Orient.

« La cérémonie de cette année a une tonalité particulièrement sombre. C’est presque un avertissement en raison de l’alarmante augmentation de l’antisémitisme partout dans le monde, et encore plus tristement, dans notre cher Canada », a déclaré Deborah Lyons, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée vendredi au Monument National de l’Holocauste.

Selon elle, partout dans le monde, y compris au Canada, les Juifs vivent « une période de deuil prolongée » et ressentent du chagrin et de la peur au moment où le bilan des pertes humaines continue à grimper à Gaza.

Mme Lyons mentionne qu’ils ont aussi dû voir des gens nier, justifier, ou pire, fêter les massacres et les prises d’otages commis le 7 octobre en Israël par le Hamas.

Elle a exhorté les Canadiens à ne pas laisser les négationnistes tordre ou même nier la vérité de la Shoah. « C’est de notre responsabilité individuelle et collective », a-t-elle souligné.

Les nazis et leurs alliés ont tué plus de six millions de juifs de 1933 à 1945.

« C’est notre rôle en tant que Canadien d’appuyer notre famille juive partout au pays », a ajouté Mme Lyons.

Au cours des derniers mois, la police et des membres de la communauté juive ont lancé des signaux d’alarme sur la montée de l’antisémitisme.

Le premier ministre Justin Trudeau et le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, étaient présents, mais ils n’ont pas prononcé de discours, se contentant de réciter une prière.

Tous deux ont toutefois publié samedi un communiqué faisant état de la violence antisémitiste.

La gouverneure générale Mary Simon a fait écho samedi aux sentiments de Mme Lyons. Selon elle, la montée de l’antisémitisme « est préoccupante ».

« Personne ne devrait être victime de persécution, de harcèlement ou d’abus en raison de son identité ou de ses croyances. Face à la propagation de la haine au Canada, quelles qu’en soient les formes et les expressions, nous ne pouvons demeurer silencieux. »

D’autres dirigeants politiques se sont aussi exprimés samedi sur le sujet, par exemple le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet.

« Le 27 janvier est la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste. Je refuse d’atténuer ma compassion et mon devoir de mémoire parce qu’une guerre ignoble (ne le sont-elles pas toutes ?) déchire Gaza et le Moyen-Orient. L’Holocauste aurait dû nous enseigner quelque chose. On s’est mis à scander “Plus jamais !”, et rien n’a changé. De grâce, ressaisissons-nous ! », s’est-il exprimé sur le réseau social X.

La ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a elle aussi appelé à lutter contre l’antisémitisme.

« Aujourd’hui, on commémore les victimes de l’Holocauste. Six millions de juifs assassinés par les nazis. Nous avons un devoir de rappeler ce pan atroce de notre histoire collective. Continuons de lutter, plus que jamais, contre l’antisémitisme », a-t-elle écrit sur X.

Avec la collaboration de Laura Osman