(Taipei) La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen rencontrera le président de la Chambre des représentants des États-Unis Kevin McCarthy en Californie plutôt qu’à Taipei, rapporte mardi le Financial Times, après que Taïwan a alerté sur une possible réponse militaire chinoise en cas de visite américaine de haut rang sur son sol.

Le gouvernement taïwanais a fourni des renseignements sur les menaces chinoises au bureau de M. McCarthy, ajoute le quotidien britannique citant un responsable taïwanais non identifié.

M. McCarthy avait exprimé le souhait de se rendre à Taïwan, comme l’avait fait en août 2022 la démocrate Nancy Pelosi qui l’a précédé à ce poste.  

La Chine estime que Taïwan, peuplée de 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Pékin est ainsi opposé à tout contact officiel ou militaire entre les autorités de l’île et des pays étrangers. Ces dernières années, plusieurs voyages officiels de responsables américains ont provoqué l’ire de la Chine, notamment celui de Mme Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.

En représailles face à ce que Pékin considérait comme une provocation, l’armée chinoise avait répliqué à cette visite par de gigantesques manœuvres militaires autour de l’île.

Washington est l’un des plus proches alliés et soutiens de Taïwan, tout en reconnaissant le gouvernement communiste de Pékin (la « République populaire de Chine ») comme seul représentant légitime de la Chine.

Le ministre taïwanais de la Défense Chiu Kuo-cheng a estimé lundi que l’augmentation du budget de la Défense annoncée par la Chine pour 2023 signifiait que Pékin « se prépare à utiliser la force si nécessaire » pour récupérer l’île.

Dimanche, la Chine a annoncé une hausse de 7,2 % du budget de la Défense pour 2023, la plus forte augmentation depuis 2019. Les dépenses militaires s’élèveront à 1553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars).

Le bureau de M. McCarthy n’a pas fait de commentaire sur la possible rencontre qui aurait lieu en avril selon le Financial Times.  

PHOTO LEAH MILLIS, ARCHIVES REUTERS

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy

La présidence de Taïwan interrogée par l’AFP ne l’a pas non plus confirmée.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères n’a ni confirmé ni infirmé la visite présidentielle, se contentant de préciser qu’il « l’annoncerait au public » le cas échéant le moment venu, selon un porte-parole Jeff Liu.

La dernière visite de Mme Tsai aux États-Unis remonte à 2019, en escale lors d’un voyage officiel dans les Caraïbes.