L’armée russe a subi une dure perte jeudi, celle de son navire amiral en mer Noire, le croiseur Moskva, que Kyiv affirme avoir touché avec ses missiles de croisière. L’évènement fait craindre une escalade du conflit au moment où la Russie accuse les forces ukrainiennes de bombarder des villages sur son territoire.

Croiseur russe coulé

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Le croiseur russe Moskva, arrivant en novembre dernier au port de Sébastopol, en Crimée

Endommagé durant l’offensive contre l’Ukraine, le navire amiral de la flotte russe en mer Noire, le croiseur Moskva, a coulé alors qu’il se faisait remorquer, a annoncé jeudi soir le ministère de la Défense de Russie. « Le navire a perdu sa stabilité en raison de dommages à la coque subis lors de l’incendie à la suite de la détonation de munitions. Dans des conditions de mer agitée, le navire a coulé », a affirmé le Ministère, précisant que son équipage de plus de 500 hommes avait pu être évacué. Les Ukrainiens ont affirmé de leur côté avoir frappé le navire avec des missiles de croisière.

Marioupol tient toujours

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Un homme se tient au milieu d’immeubles endommagés par des frappes russes, à Marioupol.

Le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a démenti jeudi la prise par les forces russes de sa zone portuaire annoncée la veille par le ministère de la Défense de Russie. « Nous tenons notre ligne et Marioupol reste une ville ukrainienne, ce qui rend la Russie furieuse », a-t-il lancé, selon ce qu’a rapporté l’AFP. La conquête de cette ville permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux en reliant la région du Donbass à la Crimée. Mais dans les ruines calcinées de la cité, ses habitants meurent de faim, a prévenu le directeur du Programme alimentaire mondial de l’ONU, David Beasley.

Accusations mutuelles

Le Parlement ukrainien a voté jeudi une résolution qualifiant l’offensive russe de « génocide ». En réplique, la Russie a accusé l’Ukraine d’avoir bombardé des villages russes frontaliers, son comité d’enquête affirmant que deux hélicoptères ukrainiens avaient survolé la Russie et avaient procédé à « au moins six frappes sur des immeubles d’habitation » dans la région de Briansk. Les Ukrainiens ont rejeté ces affirmations, accusant à leur tour les services secrets russes de mener des « attaques terroristes » dans la région frontalière pour alimenter « l’hystérie anti-ukrainienne ».

Des conditions météo favorables aux Ukrainiens dans le Donbass

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Le mauvais temps dans le Donbass pourrait favoriser l’armée ukrainienne.

Le mauvais temps dans le Donbass pourrait favoriser l’armée ukrainienne face aux forces russes. Avec la pluie et le réchauffement des températures, « il est plus difficile pour [elles] de manœuvrer hors des routes goudronnées », a indiqué à l’AFP un haut responsable des services de renseignement américains ayant requis l’anonymat. La météo avait déjà joué un rôle au début de l’invasion dans le nord du pays, lorsque les sols pas suffisamment gelés avaient forcé les chars russes à circuler en longs convois sur des routes asphaltées, ce qui les avait rendus vulnérables aux systèmes antichars des forces ukrainiennes.

Plus de 500 civils tués dans la région de Kharkiv

Plus de 500 civils, dont 24 enfants, ont été tués dans la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe. Au cours des dernières 24 heures seulement, elle a subi 34 frappes qui ont fait un mort et huit blessés, a déclaré jeudi le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, sur Telegram. Sa capitale, Kharkiv, deuxième ville du pays avec près de 1,5 million d’habitants avant la guerre, est située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe.

Biden envisage l’envoi de responsables américains en Ukraine

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Joe Biden, président des États-Unis

Le président des États-Unis, Joe Biden, a affirmé jeudi qu’il réfléchissait à l’idée d’envoyer de hauts responsables américains en Ukraine, à l’image de plusieurs pays européens dont les dirigeants s’y sont récemment rendus en signe de solidarité avec Kyiv face à l’invasion russe. Lors d’une mêlée de presse, M. Biden s’est dit prêt à se rendre lui-même dans le pays en guerre. La semaine dernière, le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, était devenu le premier leader d’un pays du G7 à se rendre en Ukraine depuis le début des hostilités. Il y avait notamment rencontré le président du pays, Volodymyr Zelensky.

La CIA craint la réaction de Poutine

Les revers militaires en Ukraine pourraient inciter le président Vladimir Poutine à recourir à une arme nucléaire tactique ou de faible puissance dans ce pays, a estimé jeudi le chef de la CIA, William Burns. Lors d’un discours à Atlanta, ce dernier a évoqué la possibilité que les dirigeants russes « sombrent dans le désespoir ». Le Kremlin a évoqué la mise en alerte de ses forces nucléaires, « mais nous n’avons pas vraiment constaté de signes concrets comme des déploiements ou des mesures militaires », a ajouté M. Burns, qui s’exprimait devant des étudiants de l’université Georgia Tech.

Poutine veut réorienter les exportations russes de gaz

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Le président de la Russie, Vladimir Poutine, lors d’une rencontre sur les exportations énergétiques de son pays

Le président de la Russie, Vladimir Poutine, a appelé jeudi à réorienter les exportations énergétiques de son pays vers l’Asie, accusant les Européens de « déstabiliser le marché » en voulant se passer d’hydrocarbures russes. Un embargo éventuel sur le gaz russe fait l’objet d’âpres discussions entre les États membres de l’Union européenne, l’Allemagne étant l’un des principaux opposants à un arrêt immédiat de ces importations, dont elle est très dépendante.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press