Les États-Unis ont dénoncé vendredi les violations des droits de l'Homme en Chine et en Russie, deux rivaux stratégiques, qui sont des «facteurs d'instabilité» mondiale au même titre que l'Iran et la Corée du Nord.

Dans son rapport annuel sur les droits de l'homme dans le monde pour 2017, le département d'État américain se concentre sur les actions de déstabilisation perpétrées par des acteurs gouvernementaux, au grand dam d'organisations comme Human Rights Watch qui critique notamment le manque de respect du droit des femmes et l'absence des libertés sexuelles.

Mais le secrétaire d'État par intérim John Sullivan a défendu le bien-fondé de l'étude qui doit se concentrer sur les menaces sur la sécurité américaine et mondiale, et réduit le spectre des violations des droits de l'Homme reconnues par les États-Unis et la communauté internationale.

«La Stratégie de sécurité nationale 2017 reconnaît qu'une gouvernance faible et corrompue est une menace pour la sécurité mondiale et pour les intérêts américains. Certains gouvernements sont incapables de maintenir la sécurité et de pourvoir aux besoins de base de leur peuple, quand d'autres n'y sont simplement pas favorables», écrit M. Sullivan en introduction.

«Les États qui restreignent les libertés d'expression et de rassemblement pacifique, qui autorisent et commettent des violences contre des membres des minorités religieuses ethniques ou d'autres groupes minoritaires, (...) sont moralement condamnables et discréditent nos intérêts», ajoute-t-il.

«Les gouvernements de Russie, de Chine, d'Iran et de Corée du Nord, par exemple, violent quotidiennement les droits de l'Homme», explique le secrétaire d'État par intérim.

Mais pour Human Rights Watch, le rapport néglige «l'analyse sur les libertés sexuelles et reproductives, qui reflète l'hostilité de l'administration Trump envers ces questions».

«Ce faisant, l'administration discrédite un document sur lequel s'appuient depuis longtemps le Congrès, les gouvernements étrangers et les militants pour évaluer l'état des droits de l'homme dans le monde», a affirmé à l'AFP la directrice de HRW pour Washington, Andrea Prasow.

Sujets de «société»

Le rapport est l'un des documents les plus consultés sur le site internet du département d'État et se retrouve souvent cité lors des débats au Congrès ou dans des demandes d'asile politique.

«Cela n'est malheureusement qu'une facette des efforts de l'administration pour minimiser les droits de l'Homme comme un élément de la politique étrangère américaine», a-t-elle ajouté.

L'un des auteurs du rapport, le diplomate Michael Kozak, a reconnu que la méthodologie avait changé, affirmant que la version 2017 se basait sur «les droits de l'Homme reconnus au niveau international» et pas à travers des sujets «de société».

L'année dernière, le «Rapport par pays sur les pratiques concernant les droits de l'Homme» avait été préparé sur la base d'études faites par les ambassades américaines autour du monde sous l'administration Obama.

Le secrétaire d'État de l'époque, Rex Tillerson, avait été critiqué pour ne pas avoir présenté le rapport lui-même, comme le veut la tradition.

M. Tillerson, qui avait plusieurs fois exprimé des opinions divergentes avec le président Trump en matière de diplomatie, a été limogé le 13 mars. Le Sénat doit valider la nomination de son successeur, le directeur de la CIA Mike Pompeo.

Celui-ci est un conservateur, qui s'est opposé au mariage homosexuel. Il a refusé de dire lors de son audition au Sénat s'il considérait l'homosexualité comme une «perversion».

Les opinions du président Trump en matière de droits humains sont également très loin de celles d'organisations comme HRW.

Début mars, il avait affirmé que la peine de mort était efficace dans la lutte contre le trafic de drogue. Par le passé, il a aussi salué la politique de son homologue philippin Rodrigo Duterte, dirigeant controversé en raison d'une «guerre contre la drogue» menée avec des méthodes expéditives vivement dénoncées par les associations de défense des droits de l'Homme.

Le milliardaire a également défendu certaines méthodes comme le simulacre de noyade, une forme de torture, utilisées lors d'interrogatoire de suspects de terrorisme.