Le caribou forestier est officiellement menacé de disparition au Canada depuis l'an dernier, mais peu de mesures concrètes sont actuellement en place pour le sauver.

Le territoire de cet animal emblématique s'étend du Yukon au Labrador. Mais, selon un nouveau rapport de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), des menaces continuent de planer sur l'espèce. «En Alberta, le territoire est très fragmenté par l'exploration et l'exploitation pétrolière, dit PierOlivier Boudreault, de la SNAP-Québec. Au Québec, c'est principalement l'exploitation forestière, mais aussi les mines, le dérangement via la villégiature et le prélèvement de la part des autochtones.»

La SNAP fait pour la première fois le bilan pancanadien des actions gouvernementales en faveur de l'espèce. Toutes les provinces reçoivent une mauvaise note ou, au mieux, une note moyenne.

Le Québec, mauvais élève

Le Québec est parmi les cancres en dépit du travail de l'Équipe de rétablissement du caribou, dont fait partie la SNAP.

Selon cette dernière, «les plans d'aménagement forestier et les activités d'exploitation connexes ne tiennent pas compte des principales recommandations de l'équipe de rétablissement selon lesquelles il faut limiter les perturbations dans l'habitat du caribou».

L'enjeu est de taille pour l'industrie forestière. La semaine dernière, le géant canadien de la foresterie Produits Forestiers Résolu a vu trois de ses certificats de foresterie durable suspendus, entre autres à cause du manque de mesures de protection du caribou.

Le Québec se démarque aussi par le manque de connaissances sur une bonne partie de sa population de caribou forestier.

Il y a deux semaines, le président de Résolu, Richard Garneau, affirmait à La Presse que 70% de la population de caribous forestiers au Québec vivait au nord de la limite de la forêt exploitable.

Cette affirmation s'appuie davantage sur des hypothèses que sur de réelles connaissances, affirme M. Boudreault. «On constate qu'au nord de la limite de la forêt commerciale, on ne connaît absolument rien, sauf pour des estimations basées sur des modèles», dit-il.

La SNAP ajoute sa voix à celles de plusieurs autres organismes et experts qui réclament la création de grandes aires protégées, en particulier au Québec.

«La solution réside en perturbant le moins possible le caribou, et la meilleure façon de le faire est d'établir de grandes aires protégées, laisse entendre M. Boudreault. On parle d'au moins 10 000 km2. Et c'est le gouvernement provincial qui a le dernier mot. Il manque d'action.»

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> Moins d'une population de caribou sur trois au Canada serait actuellement en mesure de se maintenir, selon Environnement Canada.