La Colombie-Britannique ne doit pas servir de modèle au Québec en matière d'exploitation gazière sur les terres agricoles. L'UPA en a en particulier contre l'exception dont jouit l'industrie gazière en ce qui a trait à la protection des terres agricoles en Colombie-Britannique.

C'est ce qu'affirme l'Union des producteurs agricoles, après avoir pris connaissance des reportages de La Presse publiés le mois dernier.

En effet, les projets gaziers touchant 15 acres (6 hectares) ou moins par section de 160 acres (65 hectares) n'ont pas à être soumis à l'équivalent de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) dans cette province.

«Cette exception, on est absolument contre ça, dit Pierre Lemieux, premier vice-président de l'UPA et chargé des dossiers énergétiques. On veut vraiment que les demandes se fassent devant la CPTAQ. Il faut rappeler que la zone privilégiée pour l'exploitation du gaz de schiste au Québec, c'est dans nos plus belles terres agricoles.»

L'UPA a pris une pause dans ses négociations avec l'industrie gazière au sujet d'une entente-cadre pour les projets gaziers sur les terres agricoles.

Le syndicat en profite pour se renseigner sur l'impact de l'industrie sur d'autres communautés rurales du continent.

«On aimerait aller avec quelques producteurs voir ce qui se passe sur le terrain, dit M. Lemieux. On voudrait aller peut-être en Pennsylvanie et en Colombie-Britannique. Et on ne veut pas y aller comme invités de l'industrie.»

Après avoir suivi les audiences du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), le syndicat estime qu'il manque une vision d'ensemble de ce qu'il adviendrait si l'industrie entrait en mode production, avec environ 300 forages par année.

«On a dit au BAPE qu'il serait bon d'exiger de l'industrie une planification à plus long terme, qu'on sache à l'avance où on s'en va, dit M. Lemieux. On n'a pas vu les industriels montrer une ouverture à cette transparence. Mais on sait bien qu'ils savent un peu où ils vont mettre leurs puits.»

Dans son mémoire, l'Association pétrolière et gazière du Québec n'aborde pas cette question. Pendant l'audience, un de ses porte-parole a affirmé que les programmes de forage ne sont pas établis de façon ferme pour plus d'un an à l'avance.

Par ailleurs, un agriculteur de Lévis, Jean Gosselin, a présenté au BAPE une simulation d'un réseau de puits et de gazoducs d'une densité comparable à d'autres régions gazières dans deux régions agricoles du Québec.

«J'ai vu la présentation de M. Gosselin, dit M. Lemieux. C'était plus dense que ce que l'industrie nous dit, mais qui dit la vérité? Je ne le sais pas. C'est pour cela qu'il faut aller sur le terrain.»

L'UPA se préoccupe particulièrement de la santé et de la sécurité des agriculteurs qui auront à côtoyer l'industrie gazière.

«Ça fait longtemps qu'on s'engage dans les dossiers énergétiques, avec les lignes de transmission d'Hydro-Québec, les éoliennes et les pipelines, dit M. Lemieux. Dans le cas du gaz de schiste, les enjeux sont encore plus grands à cause des risques pour la santé et la sécurité. Et aussi de l'impact sur la quantité et la qualité de l'eau.»

«La terre agricole n'a pas de limite de vie, mais l'industrie gazière est là pour 20 à 40 ans, dit-il. Alors, il faut se préoccuper de ce qui arrive à nos terres, qui représentent seulement 2% du territoire.»