Alors que les leaders fédéraux, provinciaux et territoriaux du Canada débattent de politiques sur le prix du carbone, la Chine va de l'avant avec un système de plafonds et d'échanges qui pourrait, selon certains, changer la donne de la lutte contre les changements climatiques à l'échelle mondiale.

Le premier ministre chinois Li Keqiang arrivera à Ottawa, mercredi, pour une visite de quatre jours qui inclura des rencontres bilatérales avec le premier ministre Justin Trudeau.

Le bureau du premier ministre a seulement voulu dire que les changements climatiques et l'environnement figureraient à la table de discussions, et une porte-parole de la ministre de l'Environnement Catherine McKenna a affirmé que le Canada «saluait les plans de la Chine» de lancer un marché de plafonds et d'échanges d'ici juillet 2017. La Chine est le deuxième pays partenaire commercial en importance du Canada.

Les libéraux ont promis d'établir un prix du carbone dans le cadre d'une stratégie pancanadienne avec les provinces visant à mettre le pays sur la voie de l'atteinte de ses engagements de réductions des émissions de gaz à effet de serre en vertu de l'Accord de Paris sur le climat. Mais l'idée même d'un prix sur le carbone est de nouveau attaquée vivement au pays, notamment par l'opposition conservatrice aux Communes et par le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall.

Selon le directeur général du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim, les gouvernements se doivent de porter une attention particulière aux actions sur le climat de la Chine, qui a mené des projets pilotes de plafonds et d'échanges des droits d'émissions dans deux provinces et cinq villes depuis 2013, incluant dans la province du Sichuan, qui compte une population d'environ 90 millions d'habitants.

M. Solheim a soutenu que le programme climatique chinois revêtait une «énorme importance», rappelant que la Chine était le plus grand pollueur mondial, et que par ailleurs, elle disposait de la puissance commerciale et manufacturière pour propulser des changements technologiques à l'échelle mondiale.

«Le fait que la Chine passe de la parole aux actes ne nous laisse d'autre choix (que d'agir), a soutenu M. Solheim en entrevue avec La Presse canadienne. Si vous vous trouvez sous les feux de l'opposition ou de la société civile, il est très difficile de se cacher si les Chinois et les Américains commencent à embarquer.»

Mark Cameron, du groupe Clean Prosperity, a dit croire que le modèle de la Chine s'apparentait au système mis en place par le Québec, l'Ontario et la Californie, mais que le diable pourrait se trouver dans les détails.

«Plus les normes seront semblables, mieux ce sera», a dit M. Cameron, un ancien conseiller du premier ministre Stephen Harper. «Mais il est trop tôt pour le dire», a-t-il ajouté.

Des responsables chinois sont déjà venus au Québec pour s'informer sur le fonctionnement du marché du carbone.