L'accumulation annuelle de neige sur la côte ouest de l'Antarctique a été plus importante ces trente dernières années que depuis 1712, à cause du changement climatique, a révélé une étude publiée mercredi.

Ce phénomène est lié au réchauffement de la planète, qui entraîne une hausse de la température des océans et davantage d'évaporation, selon cette étude parue dans Geophysical Research Letters, la revue de l'Union américaine de géophysique (AGU).

Les scientifiques ont étudié deux carottes de glace prélevées sur la terre d'Ellsworth, un haut plateau de glace reliant la péninsule Antarctique au reste du continent. Elles ont permis de quantifier les chutes annuelles de neige entre 1712 et 2010.

Jusqu'à 1899, l'accumulation annuelle est restée inchangée, avec entre 33 et 40 centimètres en moyenne. Mais entre 1900 et 2010, elle a augmenté de 30%.

Les scientifiques ont aussi constaté que sur les trente dernières années étudiées, la calotte glaciaire avait reçu près de cinq mètres de plus de précipitations que durant les premières décennies examinées, a indiqué Liz Thomas, glaciologue du British Antarctic Survey (BAS), principale auteur.

Un accroissement qui «paraît inhabituel», a-t-elle souligné, l'attribuant «à une intensification d'un système régional de basse pression atmosphérique couplé à un plus grand nombre de tempêtes».

Et ces tempêtes pourraient être encore plus fréquentes à cause du changement climatique, et peut-être entraîner une plus grande accumulation neigeuse.

Les scientifiques ont constaté qu'au début du 20e siècle, les précipitations (eau et neige) ajoutaient 1,5 centimètre de glace par décennie à la calotte glacière. Entre 2001 et 2010, l'accumulation annuelle a été de quinze centimètres supérieure à celle d'avant 1900, précisent les chercheurs.

Mais les tempêtes apportent aussi «des courants océaniques plus chauds qui entrent en contact avec les glaciers et provoquent leur fonte accélérée», a pointé Liz Thomas.

Raison pour laquelle, selon elle, la nette augmentation des chutes de neige «ne s'est pas traduite par un épaississement des glaciers mais est en fait un autre symptôme du changement du climat responsable de la disparition actuelle des glaces antarctiques».

D'autres études récentes ont montré que le réchauffement des océans faisait également fondre les socles de glace immergés qui retiennent les glaciers terrestres, accélérant leur déstabilisation.