Depuis quelques années, il est de bon ton d'appliquer une touche de vert à toutes les interventions humaines. Le monde des congrès et des colloques n'échappe pas à cette règle. Plusieurs centres des congrès dans le monde se sont dotés de politiques d'achat écoresponsable (achat de produits ayant le moins d'impacts possible sur l'environnement) et d'une politique environnementale pour la gestion de leurs déchets ou le transport. Poussé par le Bureau des normes du Québec et le Regroupement québécois des femmes en environnement, un projet de certification volontaire d'événements écoresponsables pourrait même voir le jour en 2010.

Dans cette mouvance, les événements carboneutres occupent une place importante. Ces événements ont pour objectif de réduire la production de gaz à effet de serre (GES) lors de la tenue d'événements et de compenser par l'achat de crédits de carbone les émissions résiduelles, plus difficiles à réduire.

C'est que le principal impact des événements est souvent le transport (surtout par avion pour faire venir les congressistes). Pour parvenir à rendre un événement carboneutre, « on procède en trois étapes, affirme Véronique Morin, directrice de projets pour Planétair. On cherche d'abord à identifier et quantifier les sources de GES, ensuite on met en place des actions pour les réduire, par exemple, un transport collectif des congressistes et enfin, on compense les émissions résiduelles par l'achat de crédits de carbone. » Chez Planétair, ces crédits sont vendus environ 50 $ la tonne de GES émis et l'argent ainsi recueilli est investi dans des projets d'énergie renouvelable dans le tiers monde. Cette formule a permis au Festival de jazz de Montréal de devenir carboneutre en 2008. L'expérience sera répétée en 2009.

Certains organisateurs poussent la mesure plus loin en appliquant la notion d'écoresponsabilité à leurs événements. On tient alors compte des dimensions environnementale et sociale (ex. : achat local, réduction des transports solo, gestion écologique des déchets). D'autres évacuent la dimension transport en organisant des événements virtuels. Des événements, où le contact personne à personne n'est pas essentiel, se prêtent bien à cela. C'est le cas de la première rencontre virtuelle scientifique de la revue scientifique Nature, organisée récemment, ou du congrès des adeptes du jeu vidéo World of Warcraft.

Ce genre d'événements virtuels n'est pas encore chose courante au Québec. Cependant, cela est appelé à se développer, selon Normand Beauchamp, président de l'important fournisseur d'équipements audiovisuels CEV de Montréal. C'est que la technologie de la vidéoconférence qui permet leur tenue s'est beaucoup améliorée au fil des années. « Les prix ont baissé, les équipements sont plus puissants et les interfaces sont plus conviviales, affirme-t-il. De plus, cela prend une simple connexion Internet haute vitesse pour se brancher, ce qui en fait un médium peu coûteux à utiliser. » Beaucoup de téléformations se font déjà ainsi, évitant aux gens de se déplacer.

La menace des changements climatiques aidant, peut-être verrons-nous, dans un futur rapproché, un nombre grandissant d'événements virtuels, écoresponsables ou carboneutres? C'est à suivre...