Au lendemain de la présentation du budget du Québec 2019, le collectif La planète s'invite à l'Université a rencontré le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, afin de lui exprimer son mécontentement face à l'absence de « réelles mesures » pour la planète.

C'est sous les cris et les slogans des étudiants de la manifestation pour le climat que Benoit Charette est sorti de cette rencontre. « Nous avons une équipe qui a étudié le rapport sur le budget toute la nuit pour préparer cette rencontre », explique Léa Ilardo, instigatrice et co-porte-parole de La planète s'invite à l'Université.

Pendant deux heures, les étudiants ont exprimé leur indignation face au budget 2019 du gouvernement du Québec, notamment en ce qui concerne le développement du système routier et du troisième lien, qui viendront augmenter les émissions polluantes. « Nous demandons la mise en place d'un réel système de transport en commun », ajoute la co-porte-parole.

Les membres du collectif ont également exprimé au nom de tous les étudiants être prêts à changer leurs habitudes pour la planète. « Nous n'avons plus que 11 ans pour agir, c'est notre futur qui est en jeu et c'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui et que nous allons continuer nos actions comme les manifestations du vendredi », souligne Léa Ilardo.

D'autres actions, que les porte-paroles ont préféré garder secrètes pour qu'elles soient plus percutantes, seraient également à venir.

Le ministre de l'Environnement a promis que cette rencontre ne serait pas la dernière. Il s'engage à rencontrer pendant un an le collectif La planète s'invite à l'Université afin de mettre en place un réel plan d'action pour le climat. « Pendant la rencontre, quand on a entendu les étudiants qui manifestaient arriver, on a tous senti le ministre prêt à faire des efforts et à s'engager avec nous. On compte sur lui », affirme Dalie Lauzon-Vallières, membre du collectif. Maintenant, les jeunes attendent avec impatience la date de leur prochaine rencontre avec le ministre. À ce jour, aucun échéancier n'a été mis en place.

Un budget inquiétant

Pour l'environnement, le budget 2019 s'avère « très mauvais », a dit Norman Mousseau, professeur au département de physique de l'Université de Montréal, à La Presse. « C'est un recul majeur en gouvernance, nous repartons trois ans en arrière », a-t-il indiqué.

Le gouvernement québécois a décidé de mettre fin au Conseil de gestion du Fonds vert, qui suscite la controverse depuis de nombreuses années. Pour Norman Mousseau, cela veut dire repartir sur un programme sans mesures et sans indicateurs. « Plutôt que de réfléchir à une amélioration du système, ils ont préféré l'abolir pour ramener cette gestion au gouvernement [...], mais nous savons que nous sommes incapables d'avoir une approche cohérente sans ce cadre. »

Les investissements prévus pour favoriser l'achat de voitures électriques sont, eux aussi, largement critiqués. « Distribuer de l'argent à droite, à gauche ne mènera à rien. Nous avons besoin de personnes compétentes pour établir un plan concret et efficace », conclut le professeur Mousseau.