Des dizaines de milliers de personnes doivent descendre dans les rues un peu partout au Québec, aujourd'hui, dans le cadre d'un mouvement mondial de la jeunesse pour le climat.

Plus de 148 580 élèves et étudiants des niveaux collégial et universitaire sont officiellement en grève pour l'occasion, selon le plus récent décompte disponible au moment d'écrire ces lignes.

« C'est le début de quelque chose d'énorme », a déclaré en entrevue avec La Presse Louis Couillard, l'un des co-porte-parole du mouvement La Planète s'invite à l'université, qui est à l'origine de la mobilisation québécoise.

« Clairement, la pression monte un peu partout », observe-t-il, se disant convaincu qu'elle amènera le gouvernement québécois à poser des gestes radicaux pour réduire ses émissions de gaz effet de serre et faire face aux conséquences des changements climatiques.

« Moi, j'y crois. Je ne suis pas encore tourné vers le cynisme. »

Le collectif La Planète s'invite à l'université « croit à la possibilité de changement, même avec un gouvernement de la Coalition avenir Québec, qui n'avait pas de plan » en matière d'environnement, affirme Louis Couillard.

Il voit même dans cette absence de plan un avantage, puisqu'elle ouvre la porte pour le gouvernement à une « collaboration avec des gens qui sont pleins d'idées ».

Le ministre québécois de l'Environnement Benoit Charette rencontrera d'ailleurs prochainement les représentants du mouvement, bien qu'aucune date n'ait encore été arrêtée, a indiqué son cabinet à La Presse.

Différent du printemps érable

Si importante soit-elle, la mobilisation étudiante québécoise pour le climat ne risque pas de donner lieu à une réédition du printemps érable de 2012, du moins, pas dans le contexte actuel, croit Pascale Dufour, spécialiste des mouvements sociaux et de l'action collective et professeure à l'Université de Montréal.

« L'ennemi n'est pas une loi votée par un gouvernement, c'est un enjeu qui est global, et il est difficile de mobiliser sur un enjeu aussi loin des intérêts sectoriels », souligne-t-elle.

La situation pourrait toutefois changer si le gouvernement de François Legault prenait une décision susceptible d'enflammer le débat, par exemple au sujet du troisième lien entre Québec et Lévis, illustre-t-elle.

« Ça créerait une opportunité politique concrète qui permettrait aux [gens mobilisés] d'avoir une cible très identifiable », estime Mme Dufour.

À défaut d'être aussi explosif que le printemps érable, le mouvement actuel pourrait durer plus longtemps, croit Pascale Dufour, qui relève qu'il a été lancé par des élèves du secondaire, inspirés par l'adolescente suédoise Greta Thunberg.

« On peut supposer que ça va continuer, parce que ces jeunes vont arriver dans les universités et vont [y] porter [leur combat] », avance-t-elle.

Louis Couillard voit également peu de comparaisons à faire entre le mouvement actuel et celui des « carrés rouges », outre les « passions » qu'il soulève.

« On n'est pas dans l'opposition, on est dans la construction », dit-il, évoquant lui aussi « un combat qui va être long ».

La manifestation d'aujourd'hui sera d'ailleurs l'occasion d'« annoncer officiellement la suite des choses à court terme », dont une autre manifestation lors du Jour de la Terre, le 22 avril à Québec, a-t-il indiqué.

Retour à la maison perturbé

Une quinzaine de rassemblements sont prévus au Québec, pour la plupart cet après-midi, ce qui risque de perturber les transports.

Dans la capitale, quelques milliers de personnes sont attendues devant l'hôtel de ville, dans le Vieux-Québec.

À Montréal, la manifestation principale partira du parc du Mont-Royal, parcourra le Quartier latin et se terminera place des Festivals.

Cependant, d'autres rassemblements sont prévus ailleurs dans la métropole et pourraient eux aussi converger vers la place des Festivals, ce qui risque de perturber la circulation.

Contacté par La Presse, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a répondu dans un message anonyme ne pas avoir d'information sur l'encadrement de ces événements.

Des élèves du secondaire se joindront aux manifestations, de même que des enseignants du mouvement Les Profs pour la planète.

Des représentants de divers groupes appuyant le mouvement y seront aussi : des syndicats, comme la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), aux organisations non gouvernementales, comme Amnistie internationale et Greenpeace, en passant par les 359 scientifiques qui ont fait une sortie publique en sa faveur cette semaine.

Des rassemblements sont ainsi prévus dans 1769 villes dans le monde, dont 54 au Canada, à travers 112 pays.

Source : Fridays For Future