Les pays riches construisent des infrastructures contre les risques d'inondation dans leurs deltas peuplés, mais avec la montée des océans et la fréquence des tempêtes liées au réchauffement climatique, cette approche deviendra trop coûteuse et insuffisante, prédit une étude américaine publiée jeudi.

Ces nations pourraient un jour subir les mêmes inondations dévastatrices que les pays pauvres qui ne peuvent pas construire des digues ou canaliser les bras de rivière de leurs deltas, selon des simulations de modèles publiées dans la revue américaine Science.

Ces chercheurs, dont Zachary Tessler de l'Université de New York, un des principaux auteurs, ont simulé l'effet du changement climatique lors des prochaines décennies sur 48 grands deltas dans le monde où vivent plus de 340 millions de personnes.

Selon de récentes estimations, d'ici 2050, si le niveau des océans continue à monter, les inondations plus fréquentes pourraient coûter jusqu'à mille milliards de dollars par an en dommages aux 136 plus grandes villes côtières dans le monde.

«Notre étude démontre que la capacité économique et le fait de décider de mettre en oeuvre des solutions d'ingénierie seront déterminants pour préserver durablement les deltas», considèrent les chercheurs.

Ils ont également analysé l'action humaine qui consiste à récupérer toujours plus de terres pour la construction et l'agriculture, empêchant ainsi l'apport de sédiments qui permet de remblayer les sols.

Ces actions entraînent un abaissement du niveau des terres au moment où les océans continuent de s'élever, relèvent ces chercheurs.

Dans leur simulation, ils ont constaté que les deltas des pays pauvres étaient inévitablement plus vulnérables, mais que le risque continuait d'augmenter pour ceux situés dans certains pays riches, multipliés dans certains cas par quatre voire huit.

Ils citent notamment le delta du Mississippi dans le sud des États-Unis ou encore le Rhin et le Rhône en Europe.

Dans une communication également publiée jeudi dans Science, Stijn Temmerman de l'Université d'Anvers en Belgique et Matthew Kirwan du Virginia Institute of Marine Science, expliquent que la solution pourrait simplement être de concevoir des stratégies permettant au système fluvial de transporter de nouveau des sédiments dans les plaines des delta.

Ils citent un ambitieux projet dans le Mississippi qui devrait éviter la perte de 500 000 hectares de marécages et réduire les dégâts dus aux inondations à la Nouvelle-Orléans et sur la côte de la Louisiane de 5,3 milliards par an et 18 milliards sur 50 ans.