Reconnaissant que ses propres données sont imprécises, le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a lancé hier un plan sur trois ans pour repérer, inspecter et réparer les 618 puits de pétrole et de gaz abandonnés au Québec. Une stratégie qui pourrait permettre de localiser le nombre « considérable » de forages dont on a perdu la trace et qui risquent de contaminer l'environnement.

Le plan

Une équipe de 25 personnes sera chargée de localiser les puits abandonnés, de coordonner des inspections et, au besoin, de les réparer, a annoncé le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau. Le plan sera doté d'une enveloppe de 1,9 million pour la première année. « L'idée est double, a résumé M. Moreau. Un, c'est de systématiquement aller chercher l'information sur ces puits-là, et deuxièmement, de répondre sans délai à toute situation qui pourrait être préoccupante pour la santé publique ou encore pour l'environnement. »

Le problème

Depuis 1860, 953 puits de toutes sortes ont été forés au Québec, selon le MERN. De ce nombre, 711 sont inactifs et, de ceux-ci, 618 sont sans propriétaire ou responsable connu. À son arrivée au pouvoir en 2014, le gouvernement Couillard a lancé un premier recensement. Sauf que cet effort n'a pas permis de dresser un portrait complet de la situation, a reconnu M. Moreau hier. Dans certains cas, d'anciens puits ont été déclarés « conformes » sans même avoir été localisés. À ce jour, plusieurs forages restent introuvables. « J'ai constaté des imprécisions dans ce qui avait été fait comme relevés et très sincèrement, moi, ça ne me satisfait pas », a résumé M. Moreau.

Les risques

Les puits abandonnés ne sont à l'origine d'aucun mort, d'aucun blessé, d'aucun dommage environnemental majeur. Ces trous ne sont toutefois pas sans risques. Dans certains cas, ils sont à l'origine de fuites de pétrole dans l'environnement. Dans d'autres, les émanations contribuent aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et peuvent présenter des risques d'incendie. 

Les responsables

Québec a retrouvé la trace des entreprises qui ont foré 93 des 711 puits inactifs. Chacune recevra un avis du Ministère et devra repérer, inspecter et, au besoin, réparer les installations à ses frais. Quant aux 618 puits abandonnés dont on n'a pu retrouver l'entreprise responsable, c'est l'État qui paiera la note. Les propriétaires des terrains, qui ignorent parfois l'existence d'un forage dans leur cour, n'auront pas à éponger les coûts des travaux.

La réaction

Les écologistes ont accueilli avec scepticisme le plan lancé hier. Le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, y voit la preuve que la première initiative lancée par le gouvernement Couillard pour recenser les puits abandonnés a connu des « ratés majeurs ». « C'est désastreux, ce qui a été fait depuis trois ans, a résumé M. Bonin. On se demande ce qui a été fait. Le gouvernement lui-même reconnaît que c'est tout croche, qu'il y a des puits considérés conformes qui n'ont même pas été trouvés par ses propres inspecteurs. »