L'élection de Donald Trump donne de l'importance au Québec dans la lutte aux changements climatiques, a laissé savoir le premier ministre Philippe Couillard, lundi, au premier jour de sa participation à la COP22, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Marrakech, au Maroc.

Pour étayer son argument, il a dressé un parallèle entre la situation actuelle aux États-Unis et le long règne du gouvernement de Stephen Harper à Ottawa.

Le fédéral n'était alors pas actif sur le front de la réduction des gaz à effet de serre (GES) et c'est le Québec qui a occupé la chaise vide et porté le message canadien et québécois dans le monde, a résumé M. Couillard.

De même, l'opposition manifeste du nouveau président élu Donald Trump à la lutte aux changements climatiques et sa volonté de retirer les États-Unis de l'Accord de Paris pourrait donner au Québec l'occasion de briller, selon le premier ministre.

«Je crois que ça va donner encore plus d'importance aux actions des États (américains) et des provinces en Amérique du Nord», a-t-il déclaré lors d'un point de presse à la sortie d'une réunion avec une délégation québécoise d'entrepreneurs et de représentants de la société civile, dans un chic hôtel de Marrakech.

Pour conclure, il a laissé entendre que la communauté internationale tout entière avait des attentes envers le Québec, en ce moment critique de la mise en oeuvre de l'Accord de Paris, qui vise à réduire les émissions de GES pour limiter la hausse de la température moyenne du globe à deux degrés.

«Le Québec est ici parce que le monde a besoin du Québec et apprécie le Québec quant à l'impulsion qu'il donne au mouvement de lutte aux changements climatiques, encore plus maintenant, dans l'époque politique actuelle.»

La COP22 de Marrakech vise à mettre en oeuvre l'accord conclu l'an dernier à Paris lors de la COP21. Les pays devront, au cours des prochains jours, convenir des outils de mise en oeuvre des engagements et des méthodes de comptabilisation des GES.

Même si c'est le fédéral qui est signataire de cet accord international de réduction des GES, le gouvernement Couillard a fixé sa propre cible de réduction, puisque le mécanisme d'Ottawa doit tenir compte des efforts de chacune des provinces et chacun des territoires.

Le Québec dispose d'une tribune privilégiée durant le rendez-vous international puisque Philippe Couillard copréside notamment le Climate Group, un regroupement d'États fédérés qui vise à atteindre un monde sans émissions de GES.

Legault «défonce des portes ouvertes»

François Legault «défonce des portes ouvertes» en proposant aux Québécois une deuxième baie James, a raillé Philippe Couillard, lundi.

Il réagissait ainsi au projet mis en valeur par le chef caquiste, dimanche, au terme du congrès de son parti: un éventuel gouvernement caquiste voudrait augmenter la capacité hydroélectrique du Québec pour en faire un centre d'exportation vers des provinces canadiennes et des États de la Nouvelle-Angleterre.

M. Legault n'a pas donné de détails sur l'ampleur des budgets et le nombre d'emplois qu'il associe avec ce projet, qu'il a présenté comme une «baie James du XXIe siècle».

«J'ai du mal à suivre M. Legault, je crois qu'il défonce des portes ouvertes», a déclaré M. Couillard à son premier jour de participation à la COP22, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Marrakech, au Maroc.

«Il annonce ce qui existe déjà, c'est bizarre», a-t-il ironisé.

Le Québec fait déjà tout ce que le chef caquiste préconise, estime son adversaire libéral. Le premier ministre a rappelé que son gouvernement a signé récemment une entente d'exportation d'électricité avec l'Ontario et qu'Hydro-Québec est déjà présente sur les marchés américains.

Il a aussi évoqué un grand chantier hydroélectrique qui est toujours en cours, soit le projet de la Romaine, sur la Côte-Nord.

M. Couillard a lancé une mise en garde contre une course effrénée à la production d'électricité mal planifiée. Il a aussi laissé entendre que le chef caquiste était mal informé.

«Il faut absolument que, lorsqu'on développe de l'énergie (sic), elle corresponde à ce dont on a besoin, maintenant, pour notre utilisation, demain, mais également pour nos exportations. Est-ce qu'il y aura un jour d'autres projets hydroélectriques? Peut-être, mais M. Legault manque d'information.»

Le premier ministre lui suggère de rencontrer les représentants d'Hydro-Québec qui lui expliqueraient les projets en cours et les démarches faites aux États-Unis et ailleurs sur la planète pour augmenter les échanges de la société d'État.

M. Legault a fait savoir qu'il ferait connaître les contours de son projet en 2017. Il a dit vouloir que le Québec devienne le centre, l'opérateur, le producteur d'énergie le plus important dans le nord-est de l'Amérique du Nord.

Le chef de la CAQ a aussi dit qu'il serait prêt à proposer un partenariat aux provinces souhaitant devenir actionnaires des projets d'exportations.

M. Legault juge que les contrats actuels d'exportation d'Hydro-Québec vers les autres provinces et les États de la Nouvelle-Angleterre sont actuellement «un petit pas».