L'appui à la conservation dans le Grand Nord se raffermit, alors qu'a lieu aujourd'hui à Québec une rencontre sur ce thème, une des rares depuis l'élection du Parti québécois il y a 16 mois.

Selon un sondage Léger réalisé pour le compte de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), plus de la moitié des Québécois estiment qu'il faut protéger plus que 50% du territoire dans la région boréale. Seulement un quart des répondants jugent l'objectif de 50% suffisant. Et 4% seulement le jugent excessif.

C'est plus qu'en 2011, quand 42% des gens estimaient cette mesure appropriée contre 39% qui la jugeaient insuffisante, dans un autre sondage de Léger.

«Nous sommes convaincus de l'intérêt élevé des Québécois pour la nature sauvage du Québec, dit Patrick Nadeau, de la SNAP. Ça fait partie de notre identité. C'est pourquoi il nous paraît fondamental de le rappeler, une fois encore, au gouvernement.»

Dans le défunt Plan Nord du gouvernement libéral de Jean Charest, on avait annoncé que 50% du territoire serait mis à l'abri des activités industrielles d'ici 2035. Le plan comprenait aussi les engagements d'atteindre 12% d'aires protégées d'ici 2015 et 20% d'ici 2020.

Pendant la dernière campagne électorale, dans une lettre adressée à l'Initiative boréale canadienne (IBC) le 26 août 2012, le Parti québécois s'était engagé «à consacrer au moins 50% du territoire du Nord à la protection de l'environnement et à la sauvegarde de la biodiversité».

Mais les groupes écologistes déchantent depuis. Le site web du «Nord pour tous», l'appellation péquiste du Plan Nord, reprenait à l'origine tous les engagements libéraux, mais il a été modifié le 8 mai 2013. Le Parti québécois ne parle plus de l'année 2035 ni de l'objectif de 20% pour 2020.

En outre, le Parti québécois a organisé un Rendez-vous national sur la forêt à Dolbeau en novembre dernier. Les enjeux étaient presque exclusivement économiques. Le ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, y brillait par son absence. L'industrie forestière était repartie enchantée de ce rendez-vous, avec à la main l'annonce d'investissements publics de 675 millions dans ce secteur en difficulté.

Première réunion péquiste

Les attentes sont donc élevées ce matin alors qu'un comité «Infrastructure, ressources naturelles et environnement» dans la zone boréale se réunit pour la première fois sous le régime péquiste.

Cependant, deux des trois groupes nationaux qui participaient aux consultations libérales sur le Plan Nord (IBC et SNAP) ont été exclus des consultations péquistes sur le Nord pour tous. Seule Nature Québec est encore à la table.

«C'est la première et peut-être la seule réunion de ce groupe, dit Chrisian Simard, de Nature Québec. On a toujours cru que le Nord pour tous serait un projet d'envergure, et c'est un peu rapetissé. Ça semble être réduit à une analyse projet par projet et on semble vouloir avancer tambour battant.»

Suzann Méthot, de l'IBC, constate un «recul sur la conservation nordique par le PQ».

«La SNAP est allée vérifier auprès de la population québécoise la validité et l'intérêt des engagements de conservation nordique, et les chiffres parlent très fort, ajoute-t-elle. On espère que ce sera entendu.»

Le sondage a été réalisé entre le 13 et le 15 janvier auprès d'un échantillon représentatif de 1000 Québécois.