La bataille entre les écologistes et le gouvernement Harper n'a pas pris de vacances de Noël: la proposition annoncée lundi par le ministre fédéral de l'Environnement de modifier le Règlement sur les carburants renouvelables fait des vagues.

Le changement soutenu par Peter Kent vise à exempter, en permanence et à l'échelle nationale, le mazout domestique de l'exigence de contenir deux pour cent de carburant renouvelable, en plus d'accorder aux provinces maritimes canadiennes une prolongation de six mois pour l'exemption du carburant diesel de l'exigence de contenir deux pour cent de carburant renouvelable.

En d'autres termes, le mazout domestique et le diesel n'auront plus l'obligation de contenir du biodiesel, cette alternative écologique au carburant pour moteur, entre autres.

Pour André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), le gouvernement Harper fait un autre pas dans la mauvaise direction.

À son avis, si le ministre Kent cherche bel et bien «à protéger les consommateurs d'une hausse du prix du mazout», alors il pourrait réserver son exemption au mazout à usage domestique, mais maintenir l'exigence pour l'utilisation du mazout dans les transports.

Le gouvernement du Canada est «déterminé», selon le ministre Kent, à réglementer le contenu renouvelable de l'essence et du carburant diesel. Il estime que le nouveau règlement «continuera à générer d'importantes réductions de gaz à effet de serre».

«Les mesures annoncées fourniront aux provinces maritimes la souplesse nécessaire pour apporter les ajustements requis pour se conformer au règlement et feront en sorte que les familles canadiennes qui chauffent leur demeure avec du mazout domestique ne sont pas pénalisées », a-t-il indiqué dans un communiqué.

«Pour moi, ça fait seulement l'affaire des pétrolières, qui préfèrent écouler le mazout non raffiné moins cher et plus polluant et surtout, ne pas voir apparaître une alternative plus écologique», croit M. Bélisle.

Le directeur des communications du bureau du ministre Kent, Rob Taylor, a indiqué que la décision reflète de «larges consultations menées auprès des provinces et de l'industrie» à propos de la rencontre des échéances pour s'adapter à la législation. Il a ajouté que la «grosseur des marchés et les caractéristiques particulières des Maritimes» avaient favorisé la décision de leur accorder une prolongation de six mois pour l'exemption du carburant diesel de l'exigence de contenir deux pour cent de carburant renouvelable.

Autre irritant pour le président de l'AQLPA, le Canada maintient sa décision d'exiger que l'essence contienne en moyenne cinq pour cent de carburant renouvelable. Si le gouvernement conservateur y voit «une initiative majeure de l'engagement du gouvernement à réduire la totalité des émissions de gaz à effet de serre du Canada de 17 pour cent d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 2005», il y a loin de la coupe aux lèvres pour M. Bélisle.

«Quand le ministre parle de cinq pour cent de bio-carburant dans l'essence, il fait référence à l'éthanol et ça, il faudrait l'abolir!», lance M. Bélisle.

«L'éthanol est produit à partir du maïs. Nourrir un «char» quand il y a du monde qui meurt de faim, ce n'est pas une bonne idée. En plus, l'éthanol fait augmenter le prix de l'essence. Les producteurs de maïs sont contents, mais les habitants des pays pauvres qui dépendent du maïs voient les prix augmenter. C'est pour ça que les écologistes s'y opposent.»