Le groupe écologiste Greenpeace a bloqué mercredi pour la deuxième fois en deux semaines une mine à ciel ouvert de sables bitumineux de l'ouest canadien et a averti qu'une «montée en puissance» de ses actions était à prévoir à l'approche du sommet de Copenhague.

Une vingtaine d'écologistes ont pénétré en début de journée sur un terrain du groupe canadien Suncor situé près de la rivière Athabasca, au nord de la ville albertaine de Fort McMurray et ont déployé une grande banderole proclamant «Tar sands climate crime» (Sables bitumineux, crime climatique). Certains militants se sont également hissés sur deux immenses tapis roulants qui acheminent les sables vers des installations d'extraction du bitume, ce qui a entraîné leur arrêt, a dit l'une des militantes, la Française Sylvaine Pinter, jointe par téléphone par l'AFP.

La direction de la plus grosse compagnie pétrolière du Canada a toutefois souligné que «l'activité des installations se poursuiv(ait) en toute sécurité».

Il y a deux semaines Greenpeace avait occupé pendant deux jours un gisement de sables bitumineux de Shell en Alberta, entraînant la fermeture provisoire de la mine.

Cette industrie est dans la ligne de mire des associations écologistes en raison de son impact environnemental. À la différence de la majorité du pétrole mondial, liquide, le pétrole des sables bitumineux est un mélange solide, composé de bitume brut, de sable, d'argile et d'eau. Ce n'est qu'au terme d'un processus coûteux et polluant que l'or noir est obtenu.

Mais avec les secondes réserves d'or noir de la planète après l'Arabie Saoudite, dont l'équivalent de 175 milliards de barils de pétrole dans l'ouest, le Canada ne souhaite nullement se priver de cette manne financière.

Le gouvernement de Stephen Harper a notamment plusieurs fois jugé «irréalistes» les objectifs du protocole de Kyoto, l'accord climatique mondial.

«Nous sommes à moins de deux mois du sommet de Copenhague, c'est là que la suite du protocole de Kyoto va se décider, nous essayons d'attirer l'attention des décideurs du monde entier afin d'arrêter ce genre de projets calamiteux», a déclaré Mme Pinter.

«Ce type de production énergétique est absolument catastrophique, il serait vraiment temps de se tourner vers d'autres formes d'énergie, vers les énergies renouvelables, vers une forme de consommation plus sobre, ce que n'encourage pas du tout la course au pétrole».

Les militants ont l'intention de bloquer ces installations aussi longtemps qu'ils le pourront, a poursuivi Mme Pinter, indiquant que les autorités leur avaient signifié que des poursuites allaient être intentées contre eux.

Néanmoins, Greenpeace promet d'autres actions du genre avant le sommet de Copenhague, du 7 au 18 décembre. «Nous allons monter en pression et en puissance», a confié Sylvaine Pinter.

Avec son action, Greenpeace souhaite dénoncer l'industrie albertaine des sables bitumeux: «Là on n'en est qu'au début des projets, la surface exploitée (dans cette province) ne correspond qu'à 3% des projets qui sont prévus dans les cinq prochaines années, soit la surface du Royaume-Uni», a dit Mme Pinter.

Comme l'avait fait Shell il y a deux semaines, Suncor a invité les militants de Greenpeace au dialogue, une invitation là aussi refusée.

«Nous avons maintenu une porte ouverte pour échanger avec des intervenants crédibles voulant travailler de manière constructive à améliorer l'efficacité de l'extraction des ressources naturelles et de l'utilisation de l'énergie», a déclaré dans un communiqué Steve Williams, directeur des opérations de Suncor.