Après Loblaw, au tour de Metro de faire payer ses clients pour les sacs de plastique. Le géant de l'alimentation souhaite ainsi réduire de moitié le nombre de sacs distribués dans ses magasins.

La Presse a appris que Metro annoncera aujourd'hui qu'elle emboîte le pas à son concurrent, en exigeant dorénavant 5¢ pour chaque sac demandé dans l'ensemble de ses magasins du Québec et de l'Ontario. La mesure sera implantée graduellement d'ici le 1er juin. Metro inc. (Metro et Super C) est ainsi le deuxième des trois grands groupes de l'alimentation à exiger un paiement pour les sacs d'emplettes, après Les Compagnies Loblaw ltée (Loblaws, Provigo et Maxi).

Notons que Metro va un peu plus loin en faisant payer également les sacs de papier. Son objectif est de réduire de 50% le nombre de sacs normalement distribués d'ici la fin de l'année 2010.

Le geste de Metro s'inscrit dans une tendance forte née il y a quelques mois. Outre Loblaw, IKEA et Rona ont aussi décidé d'exiger 5¢ pour les sacs, une mesure tremplin qui permettra éventuellement à ces deux bannières de cesser carrément de distribuer des sacs, comme le fait déjà la Société des alcools du Québec (SAQ).

Parmi les gros acteurs de l'alimentation, Sobeys inc. (IGA, marchés Bonichoix et Tradition, Rachelle-Béry) est donc le seul à continuer à donner ses sacs, une mesure qu'on n'a aucunement l'intention de changer.

«Ce n'est pas dans notre lorgnette pour l'instant, a indiqué le porte-parole, Alain Dumas. Nous croyons davantage à la sensibilisation qu'au bâton pour influencer le comportement des consommateurs.»

Sobeys a mis fin l'an dernier à sa pratique consistant à donner 3¢ aux clients pour chaque sac réutilisable qu'ils apportaient, soulignant que selon ses sondages internes, cette mesure avait peu d'effet.

En lieu et place, IGA met aujourd'hui à la disposition de ses clients de gros contenants dans lesquels ils peuvent déposer leurs sacs de plastique usagés, afin qu'ils soient recyclés. «Nous préférons l'approche participative», a ajouté M. Dumas, précisant que les recettes provenant des sacs réutilisables sont versées au Jour de la Terre.

Quant à Metro, il versera une partie des recettes engrangées par la vente des sacs de plastique à des projets environnementaux, comme le fait Loblaw. L'entreprise créera à cette fin le Fonds Éco École.

L'objectif est d'investir 2 millions de dollars (1 million par province) dans ce fonds, afin d'encourager les écoles «qui font des gestes concrets en faveur de l'environnement et du mieux-être collectif». Plus précisément, l'entreprise offrira des bourses aux institutions d'enseignement pour développer des projets soumis autant par les élèves que par les enseignants.

Quelle approche est la meilleure? La taxe au sac, le remboursement, ou l'offre de recyclage? Bien difficile à dire pour l'instant, car les entreprises commencent tout juste à les appliquer.

Pour l'heure, précisons que Loblaw espère réduire d'un milliard la quantité de sacs en plastique acheminés vers les lieux d'enfouissement d'ici la fin de 2010. Metro compte réduire de moitié le nombre de sacs distribués durant la même période. Quant à IGA, il a noté une réduction de 25% des sacs distribués depuis qu'il offre des sacs réutilisables.

Donnée intéressante: les magasins de la chaîne Loblaw qui ont exigé ces derniers mois 5¢ par sac, dans le cadre de projets pilotes, ont constaté une réduction de leur utilisation de 55% à 75%. Ceux qui, en revanche, offraient un remboursement de quelques sous pour chaque sac réutilisable ont noté une timide réduction de sacs distribués d'à peine 4%.

En 2006, on évaluait qu'environ 2 milliards de sacs étaient distribués chaque année au Québec, ce qui correspond à environ cinq sacs par semaine par personne. On estimait alors que 87% de ces sacs prenaient le chemin du dépotoir, où ils représentent moins de 2% de l'ensemble des déchets résidentiels.