Roland Jourdain (Veolia) accuse toujours un retard de 354 milles nautiques alors qu'il entreprend son parcours dans le fameux Pot au Noir. Michel Desjoyeaux (Foncia) redécolle à la suite d'être passé hier sans encombre dans cette zone de vents aléatoires.

La dernière chance concrète de voir Roland Jourdain (Veolia) combler le retard qu'il accuse sur son grand ami et meneur de la course semble s'être évanouie alors que Michel Desjoyeaux en a terminé avec le passage de la zone de convergence intertropicale (Pot au Noir). Le marin français de Cap La Forêt persiste et signe dans une démonstration de navigation qui marquera l'histoire de la course à voile en solitaire. Pour cause, Desjoyeaux vient de prendre une très sérieuse option sur la possibilité de devenir le premier marin à gagner le Vendée Globe pour une deuxième fois.

Vainqueur de l'édition 2000 devant l'Anglaise Ellen McArthur, Desjoyeaux prend tous les moyens à sa disposition depuis le visage du Cap Horn afin de garder un avantage certain sur la victoire. En 2000, il avait vu Mc Arthur combler un retard de plus 600 milles nautiques au virage du célèbre cap et prendre les commandes de l'épreuve pendant quelques heures. C'est seulement lors de la décision de routage ultime vers la ligne d'arrivée, avec trois jours à faire avant l'arrivée, que «Le professeur» avait pu distancer l'Anglaise et monter sur la première marche du podium.

Aussi cartésien qu'orienté vers la performance pure, Desjoyeaux ne pêche pas par excès de confiance dans l'édition actuelle : peu de rires, peu d'informations sur sa stratégie, refus de tout compromis quant aux écarts sur ses poursuivants, et très indépendant de ses choix, Desjoyeaux est à faire un sans-faute.

Deuxième à l'heure actuelle, Roland Jourdain ne s'avoue pas vaincu. Avec encore 3000 milles nautiques à faire jusqu'à l'arrivée, le skipper est en ce moment même aux prises avec le Pot au Noir et navigue actuellement à un maigre 3.6 noeuds de moyenne, ce qui confirme bien la réputation de l'endroit. «Bilou» se dit encore capable de remonter et tentera fort probablement de prendre une route différente de Desjoyeaux pour la partie restante du parcours afin de tenter le grand coup.

Jourdain qui en est à sa troisième participation au Vendée Globe est un marin aguerri et extrêmement talentueux. Si ce n'était pas Desjoyeaux devant lui, j'aurais tendance à croire à ses chances, mais alors que l'ami Bilou est un habitué des A à son bulletin, son ami Desjoyeaux est un habitué des A+.

Le Vendée Globe change dans sa nature depuis sa création en 1989. Alors que les premières éditions sous-entendaient uniquement la participation à une grande aventure, l'épreuve est devenue une régate de vitesse pure pour les plus gros budgets inscrits. À preuve, Desjoyeaux, le marin le plus titré de l'histoire de la navigation en solitaire le dit bien ouvertement; «je suis ici pour aller vite et gagner et bien que le parcours force à l'aventure, seule la victoire m'importe».

Ce discours aurait paru bien farfelu en 1989, mais en 2008-2009, alors que dix bateaux se disputaient la première place à l'intérieur de 200 milles nautiques jusqu'à l'approche de l'Australie, force est d'admettre que l'ère des aventuriers comme Raphaël Dinelli (Océan Vital), qui est dernier à sa quatrième participation à l'épreuve, est en voie d'extinction.

L'arrivée aux Sables D'Olonne se dessine pour dans une quinzaine de jours. Les paris sont maintenant ouverts à savoir si Desjoyeaux battra le record de vitesse de l'épreuve. Le record actuel établi par Vincent Riou en 2004 est de 87 jours, 10 heures et 47 minutes. Au rythme actuel, Desjoyeaux possède une maigre avance de 20 heures.

Qui vivra verra qu'ils disent...

>>> Suivez la position des skippers

Les positions à 16:00hrs TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 354

3- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 1026 (11 heures seront à retrancher de son parcours)

4- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1829 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

5- Samantha Davies-GB (Roxy), 1907 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

6- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 2557

7- Dee Caffari-GB (Aviva), 2583

8- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 2716

9- Steve White-GB (Toe in Water), 3672

10- Rich Wilson-USA (Great American), 5173

11- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 6875

12- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 6882

13- Vincent Riou-FRA (PRB), Abandon, Démâtage, (Classé 3e par le Jury International)

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), idem, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barres de flèche cassées

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage