On le sait depuis la nuit des temps : le narcotrafic international est le lot d'organisations criminelles structurées qui bénéficient de la complicité de personnes bien placées qu'elles réussissent à corrompre.

Les policiers de la GRC en ont fait une nouvelle démonstration, hier, à l'enquête sur cautionnement de 20 prévenus de l'opération Colisée, en dévoilant comment la mafia montréalaise a introduit clandestinement d'importantes quantités de cocaïne depuis 2004, grâce à la précieuse collaboration de douaniers et d'employés d'entreprises ayant des contrats de sous-traitance à l'aéroport Montréal-Trudeau. Comme c'est la règle à cette étape du processus judiciaire, il est toutefois interdit, sur ordre du tribunal, de dévoiler le détail de l'enquête policière, ainsi que les divers moyens dont se servaient les mafieux pour faire entrer la drogue et ensuite la récupérer pour la vendre dans les rues de la métropole.

Dans la liste des prévenus qui cherchent depuis deux jours à convaincre le juge André Perreault, de la Cour du Québec, à les remettre en liberté provisoire, on retrouve sept bagagistes, trois employés d'entretien et une douanière. Il y a aussi un militaire et un jeune mafieux de 39 ans qui a déjà travaillé à l'aéroport. Ils sont pour la plupart accusés de complot d'importation de drogue.

À en croire le témoignage de l'agent Stéphane Viau, du Service aéroportuaire de la GRC, le gang mafieux était assez prolifique. En preuve, le ministère public a aussi fait entendre les enregistrements de plusieurs conversations démontrant l'incroyable logistique qui se profile derrière toutes ces affaires de contrebande. Des extraits ont parfois fait tiquer certains accusés assis derrière les grandes vitres du tribunal, cependant que d'autres les ont fait sourire.

Avant d'entrer dans le vif du «dossier de l'aéroport», l'avocat de la poursuite, Alexandre Dalmau, a fait entendre le policier Michel Fortin, qui a donné les grandes lignes de l'enquête Colisée. Il a notamment confirmé que les mafiosi de haut rang démasqués il y a deux semaines avaient leurs quartiers généraux dans des endroits déjà connus : un bar de Laval et un petit café de la rue Jarry, à Saint-Léonard.