La crise économique qui plane n'empêchera pas les projets de construction des deux hôpitaux universitaires d'aller de l'avant, affirme le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

L'appel de proposition pour le projet du CHUM centre-ville doit être lancé la semaine prochaine. Celui pour la construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a été lancé plutôt cet automne.

 

La crise économique est loin de mettre un frein aux projets, bien au contraire, affirme M. Bolduc. «Ce sont des projets qu'on va favoriser parce que dans un contexte de ralentissement économique, on veut des projets d'infrastructures pour créer de l'emploi.»

Le privé risque pourtant d'être plus frileux, d'autant que certaines compagnies sont déjà en difficulté. Cet automne, la firme britannique John Laing Investments s'est retirée du consortium du CUSM. Quant à l'entreprise australienne Babcock&Brown Infrastructure Group, partenaire d'un des consortiums en lice pour le projet du CHUM, ses actions en Bourse sont suspendues depuis un mois.

M. Bolduc n'y voit aucune menace. Les projets du CHUM et du CUSM «sont des projets financés par le gouvernement avec une cote de solvabilité qui est excellente. Donc, on peut s'attendre au contraire à ce qu'il y ait beaucoup de capitaux qui vont se libérer. Les gens vont vouloir investir dans des endroits assez sûrs, donc entre autres, dans les projets du gouvernement.»

Le ministre de la Santé et des Services sociaux a fait ses déclarations à La Presse alors qu'il était de passage à Blainville hier.

Il achevait une tournée de quelques semaines qui l'a mené au chevet de 11 salles des urgences en difficulté de la province.

Son diagnostic? Le remède varie d'un hôpital à l'autre, mais la patience est de mise partout.

La tournée des urgences permet «de faire le point pour trouver une stratégie gagnante afin que, d'ici quelques mois, on ait une amélioration et que d'ici quelques années, parce que des choses vont prendre deux ou trois ans, on puisse en arriver à régler les problématiques», a déclaré M. Bolduc.

L'encombrement des urgences est une épine au pied du gouvernement. La moyenne des séjours sur civières aux urgences est de 16,7 heures alors que la cible est de 12 heures. Les séjours de 48 heures et plus sont aussi trop nombreux.

Une tournée des 11 salles des urgences en difficulté a donc été entreprise au début du mois de février. Après certains hôpitaux de Montréal, Québec, Granby, l'Outaouais et des Laurentides, il ne reste plus que le centre hospitalier de Trois-Rivières qui sera visité dans deux semaines.

«Dans tous les établissements, il y a toujours un peu d'amélioration à faire au niveau de la gestion, mais la majeure partie des problèmes ne sont pas aux urgences. Ils sont plutôt dans l'établissement ou dans l'organisation de services», a expliqué le ministre.

Une bonne nouvelle se dégage de la tournée. «Dans chacun des établissements, il y a seulement une ou deux causes qui sont responsables de 75% à 80% de la problématique», affirme M. Bolduc, convaincu qu'il est possible de changer la donne.

À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et à l'hôpital Notre-Dame du CHUM, par exemple, le problème est le manque de lits de courte durée.

À l'hôpital Santa Cabrini, c'est plutôt la durée de séjour qui est trop longue. La moyenne d'hospitalisation devrait être de huit jours, alors qu'elle est de 12 jours.

Ailleurs, c'est le manque de médecins de famille qui est le problème. Les patients aboutissent aux urgences faute d'avoir été soignés plus tôt. Le gouvernement veut créer 300 groupes de médecine de famille (GMF) pour pallier au problème. On en compte actuellement 181.