La fonction de conseiller municipal a peut-être perdu un peu de son lustre aux yeux des Montréalais ces derniers mois, mais ce n'est pas le cas à Regina, où le centre-arrière des Roughriders de la Saskatchewan Chris Szarka a été élu cet automne.

Évidemment, Szarka a dû en payer le prix auprès de ses coéquipiers chez les Riders, qui n'hésitent pas à le taquiner.

«C'est sûr, lance Jocelyn Frenette, le spécialiste des longues remises qui en est à sa huitième saison avec les Riders. On l'appelle 'le conseiller' ou 'le politicien'. Les gars le taquinent mais c'est de bon coeur. On est vraiment fier de lui et on espère vraiment qu'il va pouvoir faire du bon travail pour la ville.»

Szarka affirme que son désir de s'impliquer en politique municipale s'est développé à partir du moment où il est devenu un joueur des Roughriders, en 1997.

«Quand tu es un joueur des Roughriders, s'impliquer dans la communauté fait partie de ton travail, a-t-il souligné. J'ai toujours envisagé de continuer à faire ça à long terme, mais d'une autre manière. Je ne voulais pas seulement me rendre utile aux amateurs de football, mais aussi aux citoyens de la ville.»

«(Szarka) a le coeur à la bonne place, déclare Frenette. Comme moi, ça fait quelques années maintenant qu'il demeure à Regina et il voulait s'impliquer davantage dans la communauté. Il voyait certaines petites choses, des choses que (les élus) n'avaient pas encore vues, et qu'il croyait être en mesure (de changer).

«Chris est un bon leader, un gars qui mène par l'exemple, qui va être là pour la communauté comme il l'est pour ses coéquipiers, ajoute Frenette. C'est un gars qui travaille fort et qui ne pense pas juste à lui. Ca fait 13 ans qu'il joue dans la ligue, comme joueur de soutien à l'attaque et dans les unités spéciales, et il ne s'est jamais plaint (de son rôle limité). Au contraire, il fait tout pour que ça aille bien. Et je pense qu'il va avoir la même attitude au sein du conseil municipal de Regina.»

Un nom connu

Bien des gens diront qu'en Saskatchewan, où le football est roi, rien de plus facile pour un joueur de football que de remporter ses élections. Les gens vont souvent cocher la case voisine du nom qu'ils reconnaissent sur un bulletin de vote, et il n'y a pas de noms plus populaires que ceux des Riders en Saskatchewan.

D'ailleurs, Gene Makowsky, un joueur de ligne offensive qui en est à sa 15e saison avec les Riders, a été pressenti par le Saskatchewan Party pour se présenter sur la scène provinciale. Makowsky n'a pas exclu qu'il s'agissait là d'un scénario possible, mais seulement une fois qu'il aura pris sa retraite du football.

Au cours de la dernière campagne municipale, Szarka ne s'est toutefois pas fié à sa réputation. Il a cravaché et ça lui a permis de battre un conseiller qui était en place depuis deux mandats.

«Il s'est promené et a fait sa campagne électorale comme tout le monde, a dit Frenette. Il ne s'est pas assis sur son steak, il a travaillé fort pour allé chercher la victoire.»

«Je suis allé frapper aux portes pendant plusieurs semaines et je me suis efforcé de séparer les deux, c'est-à-dire le joueur de football et le gars qui se présentait aux élections municipales, a indiqué Szarka. J'espère que les gens ont voté pour moi parce qu'ils voulaient me voir au conseil municipal et qu'ils voulaient que je sois leur voix. Mais tu ne peux pas contrôler les raisons qui motivent leur choix.»

Insultes doublées

Szarka reconnaît qu'il va maintenant courir le risque de se faire critiquer pour deux raisons: parce qu'il est un joueur des Riders et parce qu'il est en politique.

«Il est vrai que le même genre de situation peut se présenter dans les deux cas, a-t-il reconnu. Dans le vestiaire, tu as droit aux remarques de tes coéquipiers quand il y a quelque chose qui cloche, et comme figure politique, tu dois justifier tes décisions. Ca se ressemble beaucoup.»

Szarka aurait pu faire mille métiers pour arrondir ses fins de mois pendant la saison morte, mais il a peut-être choisi le plus compliqué de tous, celui de politicien.

«Tout au long de ma vie, j'ai été habitué à relever des défis. En jouant au football et en me rendant jusqu'aux rangs professionnels, j'ai dû constamment en relever. Au fil des années, tu cherches de nouveaux défis. C'est ce que les gens qui ont le sens de la compétition font.»

Szarka a déjà participé à quelques réunions du conseil et il reconnaît qu'il devra pédaler fort pour s'habituer au langage et aux procédures propres au monde municipal, mais il dit apprécier l'aide qu'il reçoit jusqu'ici de ses homologues.

«À Regina et en Saskatchewan, tout le monde est un amateur de football, mais ils me traitent avec beaucoup de respect, comme un égal, a affirmé le centre-arrière. Ils ont été très soucieux de m'aider dans mes nouvelles fonctions, en plus d'accepter gracieusement de prendre le relais les fois où j'ai dû m'absenter (à cause du football).»

Szarka s'attend à rencontrer sur son chemin des politiciens qui vont lui demander son autographe pour ensuite virer capot et le critiquer dans ses fonctions de conseiller, mais il n'en fait pas de cas.

«La vie est ainsi faite. Un joueur de football doit faire ce genre de petites choses qui font plaisir aux gens, peu importe ce qui arrive par la suite.»