La députée indépendante Lisette Lapointe veut que le Québec retire son appui financier à la réouverture de la mine d'amiante Jeffrey, à Asbestos.

Elle cite le plus récent rapport du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui conclut que l'amiante est cancérigène sous toutes ses formes après avoir passé en revue toutes les recherches à ce sujet.

«C'est la goutte d'eau, dit-elle. Maintenant qu'on a une revue complète de tout ce qui s'est fait, ça règle la question.»

Elle cite aussi la condamnation récente de deux industriels en Italie ainsi que les reportages diffusés à CBC et à Enquête, au cours des dernières semaines, qui remettent en doute la recherche sur l'amiante menée à l'Université McGill.

Mme Lapointe a l'intention de déposer aujourd'hui à l'Assemblée nationale une motion qui «exhorte le gouvernement du Québec à retirer son appui financier à la reprise de l'exploitation de l'amiante à la mine Jeffrey et demande au gouvernement fédéral d'en interdire l'exportation».

Le gouvernement du Québec a mis un prêt de 58 millions à la disposition d'un éventuel projet de relance de la mine.

L'entreprise Balcorp travaille à un plan qui pourrait se concrétiser sous peu. Le projet est d'exploiter un nouveau secteur de la mine et d'exporter l'amiante en Inde pour sa transformation. Balcorp affirme avoir environ 25 clients dans ce pays. «C'est scandaleux d'exporter cette substance dans des pays comme l'Inde», dit Mme Lapointe en entrevue avec La Presse.

Elle doute de la capacité de Balcorp à surveiller la manutention de l'amiante chez ses clients en Inde. «Comment on va s'assurer qu'il y a de l'inspection en Inde? Franchement! On a de la misère ici à avoir des inspecteurs pour nos maisons de personnes âgées!»

Elle dit qu'il est temps pour le Québec de se rallier à l'opinion scientifique dominante qui prône l'abandon de l'amiante. «Il n'y a aucun moyen d'utiliser l'amiante de façon sécuritaire, dit-elle. Je ne connais aucune association médicale qui ne dit pas: "Il faut cesser l'exploitation et l'exportation." On est à l'envers de la mouvance internationale.»

Mme Lapointe va plus loin que le Parti québécois, qui veut examiner en commission parlementaire l'exploitation de l'amiante à la lumière des nouvelles informations. Elle s'éloigne aussi des décisions prises par son mari, l'ex-premier ministre Jacques Parizeau, qui a participé en 1978 à la création de la Société nationale de l'amiante. «C'était vraiment une autre époque, dit Mme Lapointe. Ce n'était pas clair à ce point-là, tous les dangers de l'amiante.»