Ils sont eux aussi privés d’école dans le contexte des négociations et des grèves qui sévissent. Ils occasionnent certes moins de maux de tête organisationnels aux parents que les plus jeunes, mais ils méritent aussi qu’on se soucie d’eux et des impacts de ce conflit sur leur développement.

On a beaucoup parlé des adolescents en 2020-2021. Dès les premiers mois de la pandémie, les parents, professionnels et scientifiques se sont rapidement inquiétés pour les jeunes qui se voyaient privés de contacts sociaux et de scolarisation dans un cadre approprié, au sein des murs de l’école. Ils et elles avaient raison de s’inquiéter, les jeunes ont souffert d’anxiété, de stress et de sentiments dépressifs pendant cette période.

Dans les années scolaires 2020-2021 et 2021-2022, de multiples ajustements ont été nécessaires pour les adolescents qui ont dû s’adapter en alternant des moments de classe en présence et d’autres à distance. Les sports organisés ont aussi souffert des mesures de distanciation physique nécessaires pour freiner la propagation du virus de la COVID-19.

Les recherches indiquent que les adolescents et les jeunes adultes sont parmi les tranches de la population à avoir le plus souffert de cette restriction des contacts sociaux.

Néanmoins, on sait aussi que la pratique d’activités sportives et les relations sociales, notamment, ont pu aider à atténuer les effets négatifs de la pandémie sur la détresse des jeunes. Le retour en classe et la reprise des sports organisés par l’école ont été salutaires pour les jeunes qui ont pu retrouver leurs repères et les occasions de socialisation.

Comme scientifiques, dans ce contexte inédit de la pandémie, occasionnant des bouleversements jusqu’alors insoupçonnés, nous avons cherché à savoir comment les jeunes parvenaient à s’adapter et à comprendre ce qui se passait dans leur vie. Nous voulions permettre aux jeunes de s’exprimer et de révéler leurs préoccupations dans un contexte de perte de repères. Il était essentiel dans le contexte de la pandémie de prendre rapidement le pouls des individus dans notre société changeante, au gré de ses bouleversements.

L’histoire se répète

L’histoire se répète un peu en 2023, dans le contexte de la grève qui sévit depuis plusieurs semaines, nous nous inquiétons à nouveau des impacts de ce bouleversement social chez les adolescents pour qui la scolarité a été interrompue à plusieurs reprises déjà depuis près de quatre ans. Comment ne pas craindre un décrochage anticipé des adolescents les moins investis dans leur cheminement scolaire après une interruption de la scolarité ? Comment inculquer aux adolescents la valeur de l’éducation pour une société ?

Le milieu de vie qu’est l’école est essentiel pour les jeunes qui sont au secondaire et au cégep. C’est un lieu où les relations se forgent, où l’apprentissage de la vie en société se fait dans un cadre à leur mesure.

En les privant de ce milieu essentiel, on leur impose de mettre en veilleuse leur développement social, intellectuel et personnel.

Les personnes enseignantes, professionnelles et tout le personnel des écoles méritent une reconnaissance et des moyens afin de favoriser le développement des adultes de demain. Leur tâche est primordiale, on leur confie ce que la société a de plus cher et de plus précieux.

En décembre 2023, je m’inquiète encore une fois pour les adolescents et les jeunes adultes, je souhaite qu’ils puissent bénéficier du milieu de vie scolaire pour se développer, s’épanouir et grandir. Pendant cette période des Fêtes et au détour des conversations avec les adolescents et les jeunes adultes, écoutons-les, parlons avec eux de leurs rêves et de leurs ambitions, offrons-leur l’occasion de devenir des adultes épanouis. Montrons-leur que l’école est importante à nos yeux et que nous croyons en eux.

*Membre du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance (GRISE) et du Centre de recherche de l’hôpital Charles-LeMoyne (CRCLM)

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