Les dernières semaines ont été marquées par de la surenchère verbale autour des débats sur les seuils d’immigration, teintée par les résultats de la partielle de Jean-Talon qui fait office d’élection générale selon plusieurs.

Les mots sont forts : crise, suicidaire, dangereux.

Et si on se fie au chef du Parti québécois, il suffit de s’attaquer à l’immigration pour régler nos enjeux comme la crise du logement, le manque de ressources en santé et en éducation, ainsi que le déclin du français.

La recette a fait ses preuves durant des décennies en politique : la division, la peur, ça rassemble, ça excite. Mais à réduire tous les maux du Québec à l’immigration, on évite de se pencher sur les vrais enjeux qui vont assurer la prospérité future de notre société.

La position du milieu des affaires est claire, équilibrée : pour combler la pénurie de main-d’œuvre, la part de l’immigration économique doit être évaluée selon les besoins du marché du travail. Le gouvernement actuel en fait-il suffisamment à ce chapitre ? Selon les employeurs, la réponse est non, tout en soulignant que la situation s’améliore depuis l’arrivée de la ministre Fréchette. La solution est-elle d’ouvrir toutes grandes les vannes de l’immigration ? Non plus.

Pour le milieu des affaires, notre culture et notre langue représentent notre richesse qui nous distingue et nous unit tout en étant un formidable tremplin pour tirer notre épingle du jeu face à la concurrence internationale. Les employeurs du Québec savent que le monde est rempli d’opportunités et en profiter n’est certainement pas synonyme de la perte de notre identité.

Au lieu de diviser, travaillons à garantir cet équilibre pour davantage de prospérité.

Nous mettons sur le dos des autres la perte du français, alors que 50 % des Québécois âgés de 16 à 65 ans ne comprennent pas tout ce qu’ils lisent. On dit que les immigrants mettent de la pression sur le système de santé, alors que près de 3000 anges gardiens sont venus prêter main-forte dans nos hôpitaux en pleine pandémie. Aujourd’hui les immigrants ne voleraient plus des emplois, mais plutôt des logements, alors qu’il manque 15 000 travailleurs dans le secteur de la construction pour en construire.

Depuis plusieurs semaines, on assiste à un discours d’une autre époque, réactionnaire au lieu de visionnaire, opportuniste plutôt que rassembleur.

À trop entretenir cette dynamique de polarisation, c’est tout le Québec qui perd. Une chose est sûre, on aura préparé le terrain pour une autre division à venir, celle entre les générations.