Le téléroman Une autre histoire a connu un début de saison à oublier, comme le scalpel d’Anémone (Marina Orsini) égaré dans une armoire au laboratoire du salon funéraire Amora, à Belleville.

Les maudites empreintes sur le fusil, la plainte en déontologie contre le dentiste Sébastien (Benoît McGinnis) et le satané pendentif caché derrière l’urne de Claudio (Manuel Tadros), Seigneur, la scénariste Chantal Cadieux, qui a signé le mémorable Mémoires vives, a habitué ses fans à plus de rebondissements et de suspense. Vraiment, ça manque cruellement de caves glauques et de poupées aux cheveux humains à Belleville.

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Marina Orsini dans la série Une autre histoire

En voyant le dernier épisode d’Une autre histoire, présenté lundi soir à Radio-Canada, j’ai de nouveau soupiré. Quoi, Karla (excellente Marilou Morin) garde encore le secret sur la paternité de son enfant ? Pourquoi tous les enfants d’Anémone/Manon ne passent-ils pas le sapristi de test génétique, qu’on en finisse ? Et personne n’a encore établi le lien direct entre le braquage dont a été victime Karla à Montréal et la participation de Jean-Olivier (Adam Kosh) au même vol ?

Le limoncello détruit plus de cellules cérébrales que l’alzheimer précoce, faut croire. Rien n’aboutit. Et la narration (superflue) alourdit les intrigues déjà assez gris cercueil, merci.

Puis, en tant que chroniqueur dévoué et tenace, j’ai enclenché l’épisode de la semaine prochaine, déjà en ligne sur l’Extra de Tou.tv. Alléluia, le récit progresse et réserve une grosse surprise aux téléspectateurs à propos de Patricia (Marie Turgeon), l’épouse psychorigide embarquée à fond dans une secte louche – peut-il en être autrement pour une secte ?

On dirait que ça nous fait extrêmement plaisir que Pat la parfaite, spécialiste des jus de gazon, des reproches constants et des paraboles nouvel-âgeuses, en arrache un peu.

L’auteure Chantal Cadieux aborde également avec délicatesse la relation amoureuse naissante entre l’inspectrice Lucie Dumouchel (Pascale Desrochers) et la femme trans Suzon Mercier (Stéphane Jacques), la mère de suppléante de Caroline (Debbie Lynch-White) et de Jean-Olivier. C’est rare que de telles scènes, très honnêtes, se glissent dans une télésérie québécoise.

Un truc me chicote, par contre. Anémone connaît, en partie, les circonstances de l’assassinat de la sœur de Vincent (Sébastien Ricard). Le flash-back de la saison dernière nous montre clairement la jeune Anémone (Laurence Latreille) qui laisse échapper un fusil devant le jeune Vincent, avant de s’engouffrer à la hâte dans la station-service.

Théorie : il s’agit du même fusil que celui caché dans le placard du vieil appartement angoissant, où habite maintenant Caroline. Les empreintes digitales d’Anémone se retrouvent sur l’arme, tout comme celles de Ron (Vincent Graton). Ce serait donc logique que cette affaire de vieux fusil traîne encore. Elle implique presque toute la famille.

Surveillez bien la réaction super protectrice de Lise (Danielle Proulx) envers sa meilleure amie Anémone. La semaine prochaine, Lise tentera même de renvoyer Vincent à Montréal pour qu’il arrête de soupçonner Anémone – ce qu’il avait pourtant cessé de faire – d’une quelconque participation dans le meurtre. De toute évidence, Lise en sait plus que nous. Et elle craint qu’Anémone en révèle trop.

Vive les enregistrements

Les vraies cotes d’écoute, celles qui reflètent mieux la portée des émissions, sortent deux semaines après leur diffusion. La firme Numeris ajoute alors au chiffre mesuré en direct les enregistrements, soit les téléspectateurs qui ont consommé plus tard – le fameux différé – leurs séries préférées. Et ça change drôlement le portrait, car nous sommes extrêmement nombreux à emmagasiner les séries pour les dévorer à notre rythme.

Le tableau majoré de la semaine du 9 septembre, le premier de la rentrée automnale à avoir été publié, donne une meilleure idée de la répartition réelle de l’écoute au Québec. Toujours aussi chaud, District 31 grimpe à 1 736 000 fans, en moyenne, du lundi au jeudi. Le premier épisode d’Alerte Amber a été vu par 1 641 000 personnes, contre 1 114 000 pour Ruptures, des hausses respectives d’audience de 64 % et 69 % grâce aux enregistreurs numériques.

En additionnant les téléphages moins pressés, L’échappée monte à 1 478 000 (29 % d’augmentation), tandis qu’Une autre histoire franchit la barre du million (1 096 000 fidèles, en hausse de 50 %).

En direct, Discussions avec mes parents (956 000) surpassait Boomerang (931 000). Avec les visionnements en différé, c’est Boomerang (1 283 000) qui file devant Discussions avec mes parents (1 179 000). Et les mardis, L’heure bleue (1 274 000) et Toute la vie (1 245 000) jouent des coudes. Les enregistrements ont permis à la cote d’écoute révisée de Toute la vie de bondir de 60 %. C’est énorme. Et c’est une preuve de plus que les téléséries s’engouffrent de moins en moins selon l’horaire qu’imposent les grandes chaînes.