Vous en avez soupé des mauvaises nouvelles sur le réchauffement climatique ? Pour compenser, voici trois bonnes nouvelles sur le sujet, issues du tout récent rapport sur l’inventaire national des gaz à effet de serre (GES).

Le Canada, rappelons-le, s’est engagé à diminuer de 30 % entre 2005 et 2030 les GES qu’il émet annuellement. Bien que l’objectif vaille pour l’ensemble du pays, le rapport mesure aussi les efforts de chacune des provinces entre 2005 et 2017, ce qui donne une idée du chemin parcouru.

Cinq provinces sur dix

Première bonne nouvelle : cinq des dix provinces canadiennes sont sur la bonne voie pour atteindre les cibles de réduction de GES demandées pour 2030.

Ainsi, deux d’entre elles ont déjà pratiquement atteint la cible de 30 %, soit la Nouvelle-Écosse (- 33 %) et le Nouveau-Brunswick (- 28 %). Et en Ontario — province de loin la plus populeuse —, les GES ont été réduits de 22 % entre 2005 et 2017, ce qui est remarquable.

Cette diminution en Ontario s’explique essentiellement par la fermeture des centrales électriques au charbon ces dernières années. En 2005, ces centrales accaparaient environ 17 % des GES de la province, contre 1,5 % aujourd’hui. Ces fermetures ont toutefois amené leur lot de défis à l’Ontario, aux prises avec des coûts énergétiques élevés et une dépendance accrue à l’énergie nucléaire.

Autre avancée en Ontario :  les émissions du secteur du transport ont reculé de 6 % depuis 2005.

Le Québec n’a pas fait aussi bien pour ses propres GES, bien que le gouvernement ait multiplié les efforts ces dernières années, notamment avec le Fonds vert. Globalement, la baisse est de 9,8 % entre 2005 et 2017.

Le recul est tout de même enviable, dans la mesure où l’objectif de 30 % est plus difficile à atteindre pour une province qui pollue déjà beaucoup moins grâce à son hydroélectricité. Pour le Québec, il faudrait donc réduire les GES d’encore 20 points de pourcentage d’ici 11 ans, ce qui est costaud.

Les seules provinces qui ont accru leurs émissions sont les provinces pétrolières, notamment l’Alberta (+ 18 %) et la Saskatchewan (+ 14 %). À elle seule, la hausse en Alberta (42 millions de tonnes) depuis 2005 est presque aussi importante que la baisse dans l’ensemble des autres provinces (56 millions de tonnes).

Croissance économique et GES

Les gens ne le réalisent pas toujours, mais la décarbonisation exige tout un effort, sachant que l’économie continue de croître pendant ce temps. Deuxième bonne nouvelle donc : les émissions canadiennes de GES sont en recul de 2 % malgré la forte croissance du produit intérieur brut (22 %) entre 2005 et 2017. C’est donc dire que chaque dollar de revenu produit par l’économie nécessite passablement moins de carbone.

Même constat pour la population, qui continue de croître elle aussi. Ainsi, les GES ont atteint 19,5 tonnes par habitant au Canada en 2017, un recul de 14 % sur l’année 2005.

Le secteur industriel

Troisième bonne nouvelle : les efforts commencent à porter leurs fruits chez les entreprises. Par exemple, le secteur industriel canadien a produit 54 millions de tonnes de GES avec ses procédés en 2017, soit 3,6 % de moins qu’en 2005. Le recul est particulièrement marqué au Québec (- 17 %).

Comme autre bonne nouvelle, on aurait pu ajouter que l’Alberta a diminué de 10 % ses GES provenant du recours aux centrales au charbon. Le hic, c’est que le nouveau premier ministre Jason Kenney jettera à la poubelle le plan de fermeture des centrales au charbon d’ici 2030 que sa prédécesseure Rachel Notley avait promis.

Bref, il y a de réelles avancées qui ont été faites dans la lutte contre les GES, bien qu’il reste beaucoup à faire.

Selon le rapport, le principal contributeur à la croissance des GES depuis le creux de 2009 est l’extraction de pétrole et de gaz. L’augmentation de la production de cette énergie fossile nécessite 34 millions de tonnes de GES de plus, soit une hausse de 47 % en huit ans. L’essentiel de cette croissance vient des sables bitumineux, dont l’extraction engendre près de deux fois plus d’émissions de GES que le pétrole traditionnel pour la même quantité.

Les deux autres secteurs qui ont alourdi le bilan de GES sont les véhicules utilitaires sport (VUS) et les camions lourds au diesel. Ces deux secteurs ne rivalisent pas avec l’extraction de nouveau pétrole, mais leur popularité a tout de même fait grimper les GES de 8,4 millions de tonnes et de 6,8 millions de tonnes respectivement depuis 2009.

Enfin, le rapport, déposé à l’Organisation des Nations unies (ONU), n’inclut pas les émissions de GES produites par le secteur aérien à l’international, comme c’est aussi le cas dans les autres pays. Le rapport estime tout de même que le secteur aérien international a produit 13 millions de tonnes de GES en 2017, en hausse de 27 % sur 2005.