Près de 15 % des adultes canadiens infectés par la COVID-19 avaient encore des symptômes plus de trois mois après avoir contracté le virus, révèlent les données publiées par Statistique Canada lundi. Cette COVID longue se manifeste heureusement deux fois moins souvent depuis que le variant Omicron est la souche dominante.

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Au moins 14,8 % des Canadiens de 18 ans ou plus ayant contracté la COVID-19 depuis le début de la pandémie éprouvaient toujours des symptômes trois mois après leur infection, soit un adulte infecté sur sept. « Cela représente approximativement 1,4 million de Canadiens ou 4,6 % de la population canadienne âgée de 18 ans et plus », précise Statistique Canada dans sa publication en partenariat avec l’Agence de la santé publique du Canada.

18 %

Près d’une femme infectée sur cinq (18 %) déclarait avoir de tels symptômes persistants, une proportion beaucoup plus élevée que chez les hommes (11,6 %). Aucune différence significative n’a cependant été observée entre les groupes d’âge, montrent les données recueillies entre le 1er avril et le 15 août dernier.

12 semaines

Éprouver encore « des symptômes physiques ou psychologiques plus de 12 semaines après avoir contracté la COVID-19 […], c’est ce qu’on appelle le syndrome post-COVID-19 (également connu sous le nom de COVID-19 de longue durée) », résume Santé Canada sur sa page web consacrée à ce syndrome.

Consultez la page de Santé Canada sur la COVID longue

Grosse fatigue

Parmi les symptômes les plus souvent déclarés plus de trois mois après une infection, la fatigue est de loin le plus fréquent (72,1 %). La toux et l’essoufflement (39,3 % et 38,5 %) ainsi que le brouillard mental (32,9 %) complètent le tableau.

Gravité prolongée

Les Canadiens ayant éprouvé les symptômes les plus graves au contact du virus semblent être beaucoup plus sujets à la COVID longue (36,4 %) que ceux ayant éprouvé les symptômes les plus légers lors de l’infection (6,3 %). « Toute personne ayant été infectée risque d’avoir des symptômes prolongés et récurrents », prévient toutefois Statistique Canada, en invitant à la prudence dans l’utilisation de ces données.

Prise 2

Près du tiers (32,5 %) des Canadiens ayant déclaré des symptômes de COVID longue avaient d’abord été complètement guéris de leur infection initiale. Ce phénomène des symptômes qui disparaissent avant de réapparaître est toutefois moins fréquent chez les femmes (28,7 %) que chez les hommes (37,2 %). Il est également plus rare chez les Canadiens d’au moins 65 ans (24,5 %) que chez le reste des adultes (de 32,3 % à 34,4 % selon les groupes d’âge).

Deux fois moins

Le variant Omicron est devenu la souche dominante au Canada en décembre 2021. Plus contagieux, mais considéré comme moins virulent que les précédents, il semble aussi laisser moins de cas COVID longue dans son sillage. Parmi les adultes ayant contracté le virus depuis décembre 2021, 10,5 % ont déclaré avoir eu des symptômes plus de trois mois après l’infection. C’est deux fois moins que chez les personnes infectées antérieurement (25,8 %).

Consultez les données de Statistique Canada

Une semaine de plus à l’hôpital

La plupart des Canadiens qui contractent le virus n’ont pas d’impact sur le système de santé, mais environ 1 % d’entre eux auront besoin de beaucoup plus de soins, signale une étude publiée lundi à partir de données de la population ontarienne. Dans l’année suivant l’infection, ces patients auront besoin d’environ une semaine d’hospitalisation de plus que les citoyens n’ayant pas contracté le virus, estiment notamment les chercheurs. « Ces constats pourraient être utilisés pour se préparer à la demande de soins occasionnée par la COVID longue », écrivent les auteurs dans le Canadian Medical Association Journal.

Consultez l’étude publiée dans le Canadian Medical Association Journal (en anglais)

Des humains derrière les chiffres

Sarah Dorner, professeure et chercheuse spécialisée en eau potable à Polytechnique Montréal, a appris lundi que deux de ses réunions de la semaine étaient annulées parce que des participants souffraient de COVID longue. « Même comme scientifique, c’est difficile de se dissocier de l’expérience personnelle lorsqu’on voit des gens autour de nous souffrir », nous a indiqué Mme Dorner, qui a republié sur Twitter un tableau récent de La Presse montrant que près des trois quarts des Québécois auraient déjà été infectés par la COVID-19, le taux le plus élevé au pays.

Consultez sa publication Twitter

Rebond dans la vaccination

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vaccination contre la COVID-19

Le Québec administre en moyenne 18 000 doses par jour, soit 7 % de plus que la semaine dernière. Le rebond dans la vaccination se fait principalement sentir chez les 60 ans et plus, groupe plus vulnérable face à la COVID-19. Le tout survient alors que le vaccin bivalent de Pfizer adapté au variant Omicron, ciblant particulièrement les sous-variants BA.4 et BA.5, est offert au Québec depuis lundi pour toutes les personnes de 12 ans et plus. Il s’agit du second vaccin bivalent homologué au Canada, après celui de Moderna en septembre. Le nouveau décès rapporté lundi porte la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à six. La tendance est en baisse de 4 % sur une semaine. Le Québec a également rapporté lundi une baisse de 33 hospitalisations. Les 2030 personnes hospitalisées présentement représentent une hausse de 9 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 53 patients représentent une hausse de 36 % sur une semaine. Les 639 nouveaux cas rapportés lundi portent la moyenne quotidienne à 935. La tendance est ainsi en hausse de 3 % sur une semaine. Ces chiffres ne reflètent vraisemblablement qu’une partie des infections totales, en raison de l’accès limité aux tests de dépistage par PCR. D’ailleurs, la part des tests de dépistage par PCR s’avérant positifs à la COVID-19 demeure élevée, à 8,6 %.

Pierre-André Normandin et Henri Ouellette-Vézina, La Presse