Plus d’une semaine après le lancement de la campagne de vaccination des tout-petits, des parents s’impatientent : beaucoup n’arrivent pas à trouver de disponibilités dans un centre de vaccination près de chez eux. Ils réclament une offre plus étendue dans la province.

« J’habite le sud de Saint-Léonard, et je suis incapable de trouver une place dans un site proche. J’ai l’impression que le gouvernement néglige cet aspect », affirme le Montréalais Philippe Aubry.

Habitant près de l’hôpital Santa Cabrini, ce père d’un enfant de 2 ans dit tenter tant bien que mal de le faire vacciner. « Le plus proche qu’on m’offre, c’est à Montréal-Nord, alors que mon plus vieux et moi, on a pu se faire vacciner tout près. Je ne dis pas que c’est scandaleux, mais pour des familles occupées avec des enfants d’âge préscolaire, c’est assez loin pour qu’on manque de temps pour le faire », souffle-t-il.

M. Aubry est catégorique : « Je vais attendre qu’il y ait des endroits plus proches de chez moi avant de le faire vacciner. » Pour lui, ce manque de disponibilité dans les quartiers est probablement l’une des causes du lent départ de la campagne de vaccination chez les 0-4 ans.

Le gouvernement nous dit de faire vacciner nos tout-petits, mais il n’offre pas la même offre que pour les autres groupes d’âge.

Philippe Aubry, père d’un enfant de 2 ans

La vaccination des tout-petits québécois tarde toujours à décoller. Une semaine après le début de la campagne pour les protéger contre la COVID-19, à peine 1 % d’entre eux ont reçu leur première dose de vaccin. Moins de 550 enfants de 6 mois à 4 ans reçoivent en moyenne chaque jour une première dose de vaccin contre la COVID-19. Ainsi, à peine 4400 enfants ont été protégés depuis le début de la vaccination de ce groupe d’âge.

« Ça ne rentre pas dans ma routine »

Catherine, une employée du réseau public qui habite le quartier Villeray, confie aussi avoir des difficultés d’accès à proximité. « Les lieux qu’on me propose, c’est trop loin, ça ne rentre pas dans ma routine. Pour ma fille de 9 ans, c’était au coin de la rue. On n’avait aucune raison de ne pas le faire », dit-elle.

À la Santé publique et au gouvernement, elle ne demande qu’une chose : « Donnez-nous l’heure juste, et dites-nous quand il y aura de nouveaux sites disponibles », ajoute-t-elle, en indiquant qu’elle attendra aussi quelques mois pour cette raison. « En attendant, peut-on penser à de la vaccination mobile, autour des CPE, dans les parcs, avec des infirmières ? Ils l’ont fait pour les adultes, pourquoi pas pour les tout-petits ? », s’interroge la mère de famille.

Pour le DAndré Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), la situation appelle à des actions rapides. « Le vaccin, il est sécuritaire et surtout accessible, donc il faut qu’il soit rendu disponible de façon raisonnable sur tout le territoire », soutient l’expert, en évoquant lui aussi des solutions de rechange, comme la vaccination par des pédiatres, ou en pharmacie, voire des équipes mobiles.

À Beaconsfield, Maria est aussi dans la même situation. « Ils viennent d’ajouter un site à Kirkland, mais jusqu’à tout récemment, je devais faire entre 20 et 30 kilomètres pour me rendre à un site. Ça veut dire qu’avec le trafic de la ville, ça peut me rendre une heure pour me rendre. Ça n’a pas de sens », confie la mère d’une fillette de 4 ans.

 Si j’avais quelque part plus proche de chez moi, ça serait beaucoup plus facile de le faire.

Maria, mère d’une fillette de 4 ans

L’offre est suffisante, dit Québec

Appelé à réagir, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a estimé mardi que « pour le moment l’offre est suffisante », la vaccination 0-4 ans étant offerte dans toutes les régions. « Le MSSS offre la vaccination dans chacune des régions du Québec, la consigne a été donnée à tous les établissements. Pour le moment l’offre est suffisante, 140 937 rendez-vous sont offerts dans les sept prochains jours pour tous les âges », affirme le porte-parole, Robert Maranda.

Plus tôt, la semaine dernière, le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, avait dit « ne pas être inquiet » du faible nombre d’enfants se faisant vacciner, en attribuant ce lent départ à la période estivale, de nombreuses personnes étant toujours en vacances. « Ça va progresser », avait-il assuré.

En savoir plus
  • 40 %
    Proportion des parents ne prévoyant pas faire vacciner leurs enfants
    source : Institut national de santé publique du Québec
    8700
    Nombre de doses de vaccin administrées par jour au Québec, en baisse de 21 % sur une semaine
    source : Ministère de la santé et des services sociaux