Vaness Giguère ne décolère pas. Elle a dû aller chercher ses deux enfants lundi matin au camp de vacances où ils étaient censés passer la semaine. « Ça fait deux ans et demi qu’on vit avec la COVID-19. Je ne peux pas croire qu’ils n’avaient pas élaboré un plan de mesures d’urgence pour éviter une fermeture complète en cas d’éclosion. »

Cette mère n’est pas l’unique parent à être dans cette situation. En une seule semaine, trois camps ont été forcés de renvoyer leurs jeunes à la maison par mesure préventive, a confirmé l’Association des camps du Québec (ACQ).

Face à une hausse des cas de COVID-19, le camp La Grande Aventure en Anglais a été contraint de suspendre ses activités.

« Ça faisait plusieurs mois que mes enfants attendaient d’y aller, raconte Vaness Giguère. On est extrêmement déçus. Quand on a amené les enfants, ils ont vérifié les cheveux de chacun pendant cinq minutes pour s’assurer qu’aucun d’entre eux n’avait de poux. Je pense qu’ils auraient pu prendre le temps de faire un test rapide à tout le monde, et un autre 48 heures après, pour être certain que personne ne soit porteur du virus. »

Patricia Dumont et Hélène Dufour, deux mères ayant également parcouru le chemin vers Saint-Donat pour aller chercher leurs enfants, étaient désappointées. Elles étaient toutefois en accord avec les mesures qui avaient été prises par l’entreprise, qui demandait notamment aux parents de munir les campeurs de masques.

« Considérant le genre de mesures qu’il y a actuellement dans la société, je n’y voyais pas de manquement », commente Hélène Dufour.

Des mesures de prévention variables

Depuis le 3 mai, les camps de vacances ne font plus l’objet d’obligations liées aux mesures sanitaires. Ils sont appelés à suivre les recommandations émises par l’ACQ en accord avec la Santé publique, tout en prenant en considération leur milieu, leurs activités et leur clientèle, explique Valérie Desrosiers, coordonnatrice aux communications de l’Association des camps du Québec.

« On remarque une montée de cas de COVID-19 dans les camps, mais on connaît la même situation dans la population en général », indique-t-elle en entrevue avec La Presse.

« Je ne pense pas que La Grande Aventure en Anglais, ou tout autre camp qui a été obligé de fermer, n’a pas pris soin de la situation en courant des risques particuliers », dit-elle.

La COVID-19, ça semble être une loterie bien égalitaire qui peut potentiellement tomber sur tout le monde.

Valérie Desrosiers, coordonnatrice aux communications de l’Association des camps du Québec

La direction du camp d’apprentissage de l’anglais n’a pas voulu répondre à nos questions.

Selon d’autres camps membres de l’ACQ, le nombre de cas d’infection serait plus élevé chez les moniteurs que chez les campeurs. Mais dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il devient difficile pour les camps d’assurer le service, note Valérie Desrosiers.

« Pour l’instant, on n’a que des cas isolés, donc on est relativement épargné », indique Thomas Lepage-Gouin, directeur général du camp Le Manoir et président du conseil d’administration de l’ACQ. « La possibilité d’une fermeture est un risque avec lequel on doit composer. On n’est à l’abri de rien, mais on met toutes les chances de notre côté pour que ça fonctionne et pour qu’on puisse être en mesure d’offrir nos services tout au long de l’été. »

L’impact sur les enfants

Depuis le début de l’été, de nombreux cas de COVID-19 ont bouleversé les plans non seulement des campeurs, mais aussi du personnel, signale le directeur général des Camps Odyssée, Gabriel Bigaouette. « Ça commence à être assez préoccupant. »

M. Bigaouette rappelle l’impact de la pandémie sur la santé mentale des jeunes et l’importance des camps dans leur développement. Pour lui, retourner un jeune à la maison, perdre un moniteur, annuler des activités ou fermer complètement le camp est « crève-cœur ».

« On a juste le sentiment que les enfants payent encore le prix, beaucoup plus que le reste de la société », témoigne-t-il.

La mère du jeune Alexis, Patricia Dumont, n’a pas été particulièrement surprise par l’annonce du camp La Grande Aventure en Anglais : « C’est comme une habitude. Des déceptions comme ça, ça nous arrive au quotidien depuis le début de la COVID-19. »

Son fils de 9 ans garde néanmoins un bon souvenir de son unique semaine passée au camp. « Même si c’est décevant de perdre mes amis si tôt, j’ai vraiment eu une belle expérience là-bas », souligne le garçon.