Les trois nouveaux sous-variants d’Omicron qui provoquent une hausse des infections en Europe et aux États-Unis représentent désormais un peu plus de la moitié des cas au Québec. Malgré l’augmentation du nombre de cas et d’hospitalisations, la situation n’est pas alarmante, mais elle invite tout de même à une certaine vigilance.

Des ravages en Europe

Le portrait des variants a nettement changé ces dernières semaines. Le sous-variant BA.2.12.1, qui a provoqué une vague de cas récemment aux États-Unis, représente désormais plus du tiers des nouveaux cas dans la province, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Responsables de hausses dans plusieurs pays d’Europe, les sous-variants BA.4 et BA.5 représentent quant à eux 16 % des infections. Au Royaume-Uni, les infections quotidiennes sont de nouveau quasiment au plus haut depuis le début de la pandémie. L’Italie a comptabilisé 30 526 nouveaux cas en 24 heures, de samedi à dimanche, et une hausse de 63,4 % en sept jours, selon le plus récent rapport du ministère de la Santé. La France n’est pas en reste, avec une circulation du virus qui s’est accélérée depuis une dizaine de jours en métropole, et un rythme de contaminations au-delà de 44 000 cas par jour.

La pression devrait s’accentuer

Québec a enregistré mercredi une augmentation de 43 hospitalisations. À l’heure actuelle, 1084 personnes sont hospitalisées en lien avec la COVID-19. Cela représente une hausse de 8 % sur une semaine. D’ailleurs, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) estime que la hausse des cas observée depuis quelques semaines devrait entraîner à la hausse le nombre d’hospitalisations. Le nombre de personnes admises devrait augmenter à une centaine par jour d’ici deux semaines. L’INESSS note que cette hausse est due aux personnes hospitalisées à cause de la COVID-19 et non simplement à des patients admis pour une autre raison, mais s’avérant positifs au coronavirus. Après avoir récemment frôlé les 1000 patients hospitalisés, le Québec devrait en compter 1378 d’ici deux semaines.

Ce que disent les eaux usées

Vu l’absence de disponibilité des tests de dépistage PCR dans la population générale, l’INSPQ publie depuis mercredi les résultats de l’analyse des eaux usées afin de suivre la tendance générale de la COVID-19. Depuis début juin, les comptes rendus de l’organisme montrent des hausses marquées de la présence du SARS-CoV-2 dans plusieurs villes, dont Montréal, Québec, Gatineau ou Laval. Au Québec, la collecte des eaux usées a débuté au printemps 2022. Le programme doit à terme être déployé dans une quinzaine de municipalités. Le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses de l’Hôpital général juif, affirme qu’il faut « élargir l’accès au dépistage », les tests rapides étant « plus susceptibles de rater des infections ». « Dans le contexte actuel, je pense qu’il faut accomplir des actions concrètes. Pour le reste, il faudra être prudents, surtout pour les personnes âgées ou avec des facteurs de risque. Ça veut dire de porter le masque et de demeurer attentifs au risque de nos expositions. »

Les cas en hausse

Les résultats du dépistage par tests PCR, quoique partiels et concernant surtout les travailleurs de la santé, continuent leur tendance haussière. Le Québec a rapporté mercredi 1110 nouveaux cas, portant la moyenne quotidienne à 795. La tendance est ainsi en hausse de 19 % sur une semaine. En plus des cas dépistés par tests PCR, 712 personnes ont rapporté ces derniers jours avoir obtenu un résultat positif à un test rapide qu’elles avaient elles-mêmes réalisé. Les cas autodéclarés, qui ne sont pas inclus dans les cas rapportés quotidiennement, ont augmenté de 29 % sur une période d’une semaine.

Les conséquences d’une réinfection

Une récente étude préliminaire publiée sur la plateforme Research Square indique par ailleurs que les personnes réinfectées à la COVID-19 courent davantage de risques. L’étude avance en effet qu’une réinfection à la COVID-19 « contribue à des risques supplémentaires de mortalité toutes causes confondues, d’hospitalisation et d’effets indésirables sur la santé des systèmes pulmonaires ». Les chercheurs américains Ziyad Al-Aly, Benjamin Bowe et Yan Xie notent d’ailleurs que ce risque semble « évident » chez les non-vaccinés ou les personnes ayant reçu deux doses ou moins. Leur étude a fait beaucoup réagir dans le monde scientifique. Rapidement, certains observateurs l’ont utilisée pour illustrer que les réinfections ne sont pas « bénignes », comme certains le prétendent. « On ne peut plus compter sur des infections antérieures pour se protéger. Il y a de plus en plus de preuves que la réponse immunitaire aux infections naturelles d’Omicron ne fournit vraiment pas beaucoup de protection contre d’autres variants », rappelle aussi le DMatthew Oughton à ce sujet.