Devant une recrudescence des cas de COVID-19 au Québec, le réseau de la santé doit se préparer « très rapidement » à la possibilité d’une sixième vague, avertit la Santé publique, pour qui la priorité sera l’administration d’une quatrième dose chez les plus âgés.

« On se rend compte que le sous-variant d’Omicron, BA.2, a beaucoup plus pénétré qu’on s’y attendait au Québec. Et comme il est plus contagieux, ça explique un peu l’augmentation des cas dans plusieurs régions qui avaient été moins touchées par Omicron », explique le directeur national de santé publique de la Gaspésie, le DYv Bonnier-Viger, dont la région est l’une des plus touchées par la hausse des infections dans la province actuellement.

Un avis interne envoyé mardi aux directions des CIUSSS et des CISSS par le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, qui a d’abord été rapporté par Radio-Canada, invite d’ailleurs les réseaux régionaux à se préparer « très rapidement » à une éventuelle sixième vague.

Plusieurs sources ont confirmé à La Presse la réception de cet avis, qui mentionne notamment aux directions régionales de se préparer à donner une quatrième dose à certaines tranches de la population dès le début de la semaine prochaine. « On nous demande de prioriser les aînés qui sont dans nos centres d’hébergement, dont les CHSLD et les RPA, puis éventuellement, ensuite, on pourra étendre à tous les 80 ans pour commencer », dit le DBonnier-Viger.

« Quand on dit de procéder très rapidement, ça veut dire de ne pas démobiliser les gens impliqués dans la vaccination, parce qu’il y avait cette tendance-là présentement. C’est un message fort qui est lancé pour dire qu’il faut remobiliser les gens dès que possible. Ça demande une certaine préparation », ajoute-t-il.

À l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), on confirme que la sous-lignée BA.2 est suivie par criblage, mais qu’en raison « d’enjeux dans l’approvisionnement de réactifs et de délais associés dans les analyses, les données des dernières semaines sont présentement partielles et en cours de validation ». Ces données suggèrent toutefois « que la sous-lignée poursuit sa progression dans la province, à l’instar de ce qui se produit dans plusieurs endroits dans le monde », indique le porte-parole de l’Institut, Aurèle Iberto-Mazzali. À la fin de février, BA.2 représentait déjà plus du quart (27 %) des cas de COVID-19 au pays, selon les données de Santé Canada.

Des décisions à prendre

Le DLuc Boileau devrait préciser ces éléments lors d’une conférence de presse prévue mercredi à 14 h, afin de faire le point sur la situation de la COVID-19 au Québec. Selon nos informations, plusieurs rencontres ont eu lieu mardi en prévision de cette conférence, avec des directions régionales de santé publique.

Rappelons que c’est actuellement en Gaspésie que la COVID-19 fait le plus grand retour en force. La région affiche un taux de 74 nouvelles infections quotidiennes pour 100 000 habitants. La Côte-Nord est aussi affectée, avec un taux de 51. Le Nord-du-Québec, lui, est à 47. Des hausses préoccupantes ont aussi été observées à Québec et dans Chaudière-Appalaches, notamment. À l’inverse, Montréal et Laval sont parmi les moins touchés, avec respectivement neuf et huit nouveaux cas pour 100 000 habitants.

Dans ce contexte, la levée du port du masque obligatoire, prévue « au plus tard » à la mi-avril, pourrait être « retardée » si la hausse se poursuit, croient certains experts. « On devrait peut-être réfléchir à retarder la fin du masque au gouvernement, surtout que les gens vont davantage être à l’extérieur avec le printemps qui arrive, et auront déjà moins besoin de le porter », a dit mardi le virologue Benoît Barbeau, professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM.

Avec Pierre-André Normandin