(Québec) Faire payer un impôt santé à tous les adultes qui refusent de se faire vacciner est une idée « radicale », dénonce Québec solidaire (QS).

En conférence de presse mardi à Montréal, le premier ministre François Legault a exprimé son ras-le-bol de voir les non-vaccinés engorger les hôpitaux du Québec.

Le premier ministre était accompagné de son ministre de la Santé, Christian Dubé, ainsi que du nouveau directeur national de santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau.

Il a affirmé que bien qu’ils ne représentent que 10 % de la population, les non-vaccinés occupent en ce moment 50 % des lits aux soins intensifs.

Parce qu’ils sont un « fardeau » pour le réseau de la santé, les non-vaccinés devront payer une contribution santé dont le montant sera « significatif », a annoncé M. Legault, sans fournir plus de détails.

Il a cependant précisé qu’il excluait les personnes qui ne se font pas vacciner pour des raisons médicales.

L’annonce a fait bondir le porte-parole de QS en santé, Vincent Marissal. Il affirme dans un communiqué que le premier ministre oublie « complètement » les personnes vulnérables.

« Parmi le 10 % dont parle le premier ministre, il y a des sans-abri, des gens atteints de graves problèmes de santé mentale, des sans-papiers », a-t-il énuméré.

« François Legault va-t-il leur envoyer une facture ? » demande-t-il.

M. Marissal invite par ailleurs le gouvernement à publier les avis juridiques et scientifiques qu’il détient et qui justifient cette mesure « radicale ».

« La population pourra alors juger s’il s’agit d’une décision de santé publique ou de relations publiques », a-t-il affirmé.

Anglade crie à l’improvisation

Encore une fois, le gouvernement improvise, martèle pour sa part la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade.

« On n’a eu aucun débat sur ce qu’il propose, souligne-t-elle en entrevue. On peut bien supposer que c’est un sondage qu’il a fait faire qui lui a dit : “Ah, ça c’est une bonne idée” ».

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La cheffe libérale Dominique Anglade

« Mais cette mesure-là, elle soulève mille questions », insiste-t-elle.

Le PLQ prône plutôt la vaccination obligatoire des employés de l’État, une mesure sur laquelle le gouvernement a « un contrôle direct » et qu’il pourrait imposer « demain matin », selon Mme Anglade.

Elle voit une incohérence dans le fait que les non-vaccinés ne pourront bientôt plus fréquenter la SAQ et la SQDC, mais que les employés de ces établissements, eux, pourront ne pas être vaccinés.

« [M. Legault] doit arrêter d’improviser et de faire des choses qui sont basées sur son intuition et sur des sondages », a-t-elle déclaré.

« On veut que les gens se vaccinent davantage ? Demandez aux employés de l’État de se faire vacciner de manière obligatoire. Ce serait une bonne première étape. »

Être constructif et efficace

Le chef parlementaire du Parti québécois (PQ), Joël Arseneau, voit également d’un mauvais œil l’annonce de mardi du premier ministre.

« Plutôt que d’envoyer une facture aux personnes vulnérables, en situation d’itinérance ou de pauvreté qui ne sont pas vaccinées, le gouvernement devrait proposer des moyens pour les rejoindre et faciliter leur vaccination.

« On se doit d’être constructif et efficace », a-t-il plaidé dans un message envoyé à La Presse Canadienne.

À l’instar des autres partis, le PQ réclame un « réel » débat. Il fait valoir que presque deux ans après le début de la crise, « il est impensable que des mesures ayant un impact significatif ne font l’objet d’aucune analyse ».

Les travaux à l’Assemblée nationale reprennent le 1er février. D’ici là, le premier ministre a accepté de rencontrer les trois chefs d’opposition une fois par semaine pour répondre à leurs questions et écouter leurs suggestions.