Affichant l’un des plus faibles taux de vaccination au Québec, Montréal-Nord met les bouchées doubles, voire triples, pour rattraper son retard : déploiement de cliniques mobiles et éphémères devant la mairie, dans les écoles secondaires et dans les milieux de travail, en plus d’une équipe de sensibilisation qui déambule dans les rues du secteur. Tout pour atteindre l’objectif de vacciner 75 % des Québécois admissibles.

Mardi, 15 h. Sarah-Danielle Bélanger, Beatriz Sierra et Richard Ayoub se promènent aux alentours du centre commercial Forest, dans l’arrondissement de Montréal-Nord. Les trois jeunes employés du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal sont chargés d’informer la population des services de vaccination offerts sur le territoire. Équipés de nombreux ensembles de masques et de dépliants d’information, ils abordent jusqu’à 20 personnes par heure lors de leur tournée. « Les gens sont vraiment contents d’obtenir de l’information facilement, ça leur permet aussi de les sortir de leur isolement », affirme Mme Bélanger.

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Sarah-Danielle Bélanger (à gauche) et Beatriz Sierra discutent avec des citoyens dans un parc de Montréal-Nord.

« On prend le soin d’informer une personne à la fois, pour s’assurer qu’elle a les bonnes informations, explique Céline Coulombe, coordonnatrice de l’équipe de sensibilisation COVID mise sur pied l’année passée. On n’est pas là pour les convaincre d’aller se faire vacciner, on veut seulement les informer adéquatement afin qu’ils prennent la meilleure décision pour eux. »

Deuxième arrêt, un porte-à-porte dans un immeuble résidentiel de l’avenue de l’Hôtel-de-Ville. La visite dure à peine deux minutes ; les locataires sont déjà vaccinés. « C’est bon signe, ça. Ça arrive de plus en plus souvent », se réjouit Mme Colombe. Puis les trois travailleurs de quartier se dirigent vers le parc Primeau. Ils interceptent deux adultes accompagnés de leurs enfants qui acceptent volontiers les conseils, les masques et les dépliants offerts par la brigade.

« Il faut aimer marcher ! », plaisante Mme Bélanger, qui fait environ 20 000 pas quotidiens dans le cadre de son travail. Et ce, en temps de canicule comme lors d’une tempête de neige.

Objectif plausible, selon le CIUSSS

Dans les prochains jours, 28 employés de l’équipe de sensibilisation seront déployés dans Montréal-Nord, en vue du « blitz » de vaccination. Cet arrondissement, qui a été l’un des plus touchés par la COVID-19, affiche pourtant le taux de vaccination le plus bas de l’île. Le 14 mai, seulement 34 % de sa population vaccinable avait reçu une première dose. Mais ce pourcentage a rapidement augmenté. L’arrondissement affiche désormais un taux de vaccination de 53 %.

Mais l’objectif ultime, le « rêve ! », s’exclame même Mme Coulombe, c’est d’atteindre 75 % pour le 24 juin. Le gouvernement du Québec s’est en effet fixé comme objectif d’offrir une première dose pour les trois quarts des 18 ans et plus à cette date.

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Clinique mobile de vaccination sans rendez-vous devant la mairie de l’arrondissement de Montréal-Nord

À cet effet, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal a également déployé une clinique mobile de vaccination sans rendez-vous devant la mairie de l’arrondissement de Montréal-Nord, des cliniques mobiles dans trois écoles secondaires, trois cliniques mobiles dans les milieux de travail et sept cliniques éphémères ailleurs dans le secteur.

Pour le président-directeur général du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Frédéric Abergel, l’objectif de 75 % d’adultes vaccinés d’ici la fête nationale sur son territoire est atteignable.

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Frédéric Abergel, président-directeur général du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Pour atteindre les 75 %, il reste 30 000 personnes à vacciner de la première dose. On vaccine entre 2000 et 3000 personnes quotidiennement. Donc mathématiquement parlant, il n’y a aucun enjeu.

Frédéric Abergel, président-directeur général du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Le CIUSSS regroupe plusieurs quartiers avec de forts taux d’immigration récente. La méconnaissance du système de santé et la barrière de la langue expliquent notamment le taux élevé de contamination et le retard dans la vaccination, selon M. Abergel. « Même si on n’atteint pas les 75 % le 24 juin, on devrait quand même être pas mal proches », estime-t-il. Il précise que la première dose sera toujours offerte pour la population au-delà de cette date fatidique.

Montréal-Nord gravement touché

Pour la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, la dernière année a été éprouvante. « Encore une fois, ça nous mettait sous les projecteurs », regrette-t-elle. La crise sanitaire a remis au premier plan de nombreux problèmes structurels comme l’accès au logement et aux services de santé. « On sait que Montréal-Nord a été gravement touché par la COVID-19, et cette fois-ci, on doit encore se serrer les coudes comme communauté. [Mais] on est une communauté résiliente qui a traversé plusieurs crises [par le passé] », ajoute-t-elle.

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Christine Black, mairesse de Montréal-Nord

La mairesse se réjouit des résultats encourageants des dernières semaines. « On rattrape les taux qu’on a ailleurs dans la province. » Et ce, sans crainte d’un retard pour la deuxième dose. « La première étape est la plus importante à mettre de l’avant. À partir du moment où les gens auront eu leur première dose et verront que les effets secondaires sont minimes, beaucoup seront enclins à retourner pour une deuxième dose », soutient-elle.