Des lacunes dans les mesures visant le port du masque et les salles où les employés prenaient leurs pauses ont été constatées dans les heures précédant la fermeture temporaire de l’abattoir de Viandes du Breton, montre un rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) obtenu par La Presse.

« Ce risque n’est pas négligeable étant donné le grand nombre de travailleurs qui se rencontrent dans des "goulots" et aux pauses, trois fois par jour, cinq jours par semaine », mentionne le rapport d’intervention de la CNESST.

Ce constat a été fait le 12 mai, alors que l’usine d’abattage et de transformation de porc de Rivière-du-Loup était en proie à une éclosion majeure qui atteignait déjà une centaine de cas parmi ses quelque 500 employés. Au moment de la visite, débutée le matin, « une fermeture temporaire est prévue », apprend-on dans le rapport. Cette suspension de 10 jours sera annoncée en soirée par l’entreprise.

« On a répondu à toutes les recommandations de A à Z », a assuré le directeur marketing et marchés innovants de Viandes du Breton, Mario Goulet, en entrevue téléphonique mercredi.

Des situations de « goulot d’étranglement » aux endroits où les travailleurs prenaient leurs masques de rechange, leurs couteaux et leur équipement de travail avaient été relevées par la CNESST le 12 mai.

Dans les salles de pause, les barrières de plexiglas sur les tables n’étaient « pas adéquates », avait aussi noté l’inspecteur.

« On a pris des espaces qui étaient dédiés à d’autres choses pour agrandir les cafétérias et répondre à toutes les recommandations », a indiqué M. Goulet.

Au total, 140 travailleurs et trois visiteurs de l’usine ont contracté la COVID-19 durant l’éclosion, indique la Santé publique du Bas-Saint-Laurent. Le nombre de cas engendrés dans la communauté n’a cependant pas pu être chiffré étant donné la forte transmission qui prévalait alors dans la région. La santé publique a établi la fin officielle de l’éclosion au 26 mai, mais a maintenu une vigie jusqu’au 2 juin. Des tests rapides continuent à être administrés aux travailleurs une fois par semaine, indique l’entreprise.

Lacunes antérieures

La CNESST avait signalé d’autres lacunes lors d’une précédente visite chez Viandes du Breton, le 24 février. Plusieurs travailleurs portaient alors leur masque sous le nez, parfois pour éviter la formation de buée dans leurs lunettes de prescription, et environ la moitié seulement avait suivi une formation en ligne sur la COVID-19, mentionne le rapport d’intervention. Une visite de suivi a été effectuée le 11 mars, au terme de laquelle « la problématique en lien avec la COVID-19 est prise en charge adéquatement par l’employeur », a conclu l’inspecteur.

Autre abattoir

La CNESST a constaté des lacunes dans les aires de pause d’un autre abattoir de la région, Aliments Asta, à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, visité le 5 mai. En plus des barrières de plexiglas insuffisantes pour protéger de la transmission, des travailleurs discutaient entre eux sans barrière ni masque, mentionne le rapport. « Un travailleur s’est adressé au soussigné sans masque de protection », écrit même l’inspecteur.

Le nombre de places assises a été réduit dans les salles de pause et un chapiteau a été aménagé à l’extérieur, note le rapport de suivi du 18 mai.

L’usine d’Asta a été en proie à une éclosion d’environ 94 cas au printemps, mais celle-ci a pu être contrôlée sans qu’il ne soit nécessaire de fermer.