(Carbis Bay) Le premier ministre Justin Trudeau attendra la conclusion d’un sommet international avec ses pairs du G7 avant de fournir des détails sur la façon dont le Canada mettra jusqu’à 100 millions de doses de vaccin à la disposition de pays qui demeurent très vulnérables à la propagation de la COVID-19.

M. Trudeau lui-même n’a pas confirmé les détails sur la façon avec laquelle le Canada contribuera à l’envoi de doses dans plus de régions du monde, étant donné que ce sont les pays riches qui mènent la campagne mondiale de vaccination.

Le premier ministre du Canada a assisté vendredi à une rencontre avec les autres dirigeants, le long de la côte anglaise, pour discuter des façons de sortir de la pandémie de COVID-19, mais il a été le seul à ne pas avoir dit combien de vaccins son pays donnera pour y parvenir.

Le premier ministre britannique Boris Johnson accueille les dirigeants du G7 pour un sommet de trois jours, qui se déroule dans le village sud-ouest de Carbis Bay – actuellement rempli de policiers et de responsables du sommet. L’accent est mis sur la fin de la crise sanitaire, maintenant dans sa deuxième année.

Le Royaume-Uni s’attend à ce que les dirigeants acceptent de donner à d’autres parties du monde l’accès à un milliard de doses de vaccins contre la COVID-19 par le biais de dons et de financement, dans l’espoir que cela accélère la lutte contre le virus.

Et il semble que le Canada a été à l’écoute.

En discutant de la conversation entre MM. Trudeau et Johnson, le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni, Ralph Goodale, a confirmé que le pays contribuerait « jusqu’à » 100 millions de doses à l’effort mondial de vaccination.

« Ce sera une combinaison de certaines en espèces et d’autres en nature. La ventilation complète sera disponible dimanche », a déclaré M. Goodale, député de longue date et ancien ministre du gouvernement Trudeau.

Un responsable du gouvernement canadien, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a déclaré que l’offre du Canada incluait ce qu’il a acheté pour d’autres dans le cadre d’initiatives de partage de vaccins.

Bob Rae, ambassadeur du Canada aux Nations unies – un ancien chef libéral par intérim – a récemment souligné devant un comité sénatorial l’importance du programme COVAX, une initiative conçue pour fournir des vaccins à 92 pays à revenu intermédiaire et faible, et l’urgence de la vaccination dans plus de pays, en montrant du doigt la catastrophe causée par le variant Delta plus transmissible en Inde.

Le Canada a déjà promis des millions de dollars dans différents programmes conçus pour accroître l’accès aux vaccins, ainsi que la livraison et la distribution.

La semaine dernière seulement, le Canada a annoncé qu’il doublait ses dons directs en espèces à COVAX pour acheter des doses pour les pays en développement, passant de 220 millions à 440 millions.

Le Dr Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada, a déclaré vendredi lors d’une réunion d’information sur la COVID-19 que le pays peut « marcher et mâcher de la gomme en même temps » lorsqu’il s’agit de protéger sa population et d’aider à la vaccination dans d’autres pays.

« Ce n’est pas l’une ou l’autre. Les deux choses se produisent en même temps », a-t-il déclaré.

Joëlle Paquette, une directrice au ministère fédéral de l’Approvisionnement, a ajouté que le Canada a obtenu 400 millions de doses de vaccins et de candidats vaccins, et qu’il est donc possible pour le pays de partager des doses.

« Je veux aussi vous assurer que cela n’aura pas d’impact sur notre objectif de vacciner complètement tous les Canadiens d’ici la fin septembre », a-t-elle déclaré.

La veille du sommet, le Royaume-Uni a promis d’envoyer au moins 100 millions de doses au cours de l’année prochaine, et le président américain Joe Biden a promis qu’il en enverrait un demi-milliard.

La France et l’Allemagne ont promis au moins 30 millions de doses cette année. Le Japon s’est engagé à 30 millions de doses tandis que l’Italie a promis 15 millions de doses.

Un écran de fumée ?

Le Dr Srinivas Murthy, un spécialiste des soins intensifs pédiatriques de Vancouver, dont la recherche se concentre sur la préparation aux pandémies, a déclaré que l’accent mis sur l’argent agit un peu comme un écran de fumée pour ne pas partager les doses de vaccins du pays.

« Il semble que le Canada essaie de faire bonne figure, avec la pression publique accrue à ce sujet, tant à l’interne qu’à l’échelle mondiale », a-t-il déclaré dans une récente entrevue.

« Mais ils choisissent […] d’envoyer de l’argent plutôt que des doses, ce qui, je pense, ne résoudra pas le problème de toute urgence. »

Le Dr Murthy a déclaré que COVAX aura besoin de plus d’argent pour acheter des doses, mais a souligné qu’il n’existe pas de camions pleins de doses qui attendent juste un acheteur.

« De toute évidence, ils ont besoin de plus d’argent pour acheter plus de doses auprès des principales entreprises, mais ce sont les vaccins, et non l’argent à ce stade de la pandémie, qui sont nécessaires à l’échelle mondiale. »

Audience avec la reine

M. Trudeau a commencé la journée de vendredi non pas avec un autre chef du G7, mais par une audience virtuelle avec la reine Élisabeth.

Sa première rencontre de leader à leader a eu lieu avec le premier ministre britannique Boris Johnson, qui, en tant qu’hôte du sommet, a déclaré qu’il souhaitait que le rassemblement de trois jours produise des promesses sur les moyens de mettre fin à la pandémie d’ici la fin de l’année prochaine.

PHOTO ALASTAIR GRANT, AGENCE FRANCE-PRESSE

La première rencontre de leader à leader de Justin Trudeau (à gauche) à ce sommet du G7 a eu lieu avec le premier ministre britannique Boris Johnson.

Posant pour des photographes et des journalistes, les deux hommes se sont tenus coude à coude, M. Johnson levant le pouce avant le début de leur rencontre.

« Les dirigeants ont convenu qu’un accord de libre-échange global entre le Royaume-Uni et le Canada ouvrirait d’énormes possibilités pour nos deux pays. Ils ont convenu de redoubler d’efforts pour conclure un (accord de libre-échange) dès que possible », selon une transcription de leur conversation par le Haut-commissariat britannique au Canada.

« Ils ont discuté d’un certain nombre de questions de politique étrangère, dont la Chine et l’Iran. Le premier ministre (Johnson) a remercié le premier ministre Trudeau pour le leadership du Canada dans la réponse internationale à la suite de l’écrasement de l’avion d’Ukraine International Airlines à Téhéran l’année dernière. »

M. Trudeau a également fait sa première apparition publique aux côtés de Joe Biden depuis son élection à la Maison-Blanche l’automne dernier, lorsque tous les dirigeants ont posé pour une photo de groupe le long d’une plage.

Les deux hommes ne se sont pas dit grand-chose, voire rien, en posant pour les caméras et les journalistes. M. Trudeau s’est surtout tenu à l’écart pendant que les dirigeants faisaient leurs apparitions publiques.

Ils se sont assis ensemble plus tard vendredi pour participer à une session qui se concentrait sur la façon dont la relance sanitaire et économique post-COVID-19 pourra s’appliquer à tous.