Un responsable de l’Agence européenne des médicaments (AEM) a évoqué mardi l’existence d’un lien entre le vaccin d’AstraZeneca et les cas de thrombose observés après son administration. De son côté, l’Agence a réitéré qu’elle n’était pas encore arrivée à une conclusion sur le vaccin.

Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l’Agence européenne des médicaments, a affirmé dans une entrevue au quotidien italien Il Messaggero publiée mardi qu’il « est clair qu’il y a un lien avec le vaccin ».

L’Agence s’est empressée d’indiquer qu’elle était toujours en train d’évaluer si le vaccin d’AstraZeneca est potentiellement lié à la formation de rares caillots sanguins. La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a déclaré mardi sur Twitter qu’une évaluation est « prévue mercredi soir ».

Si le lien avec les thromboses est confirmé, il est probable que Santé Canada exigera que les patients qui sont plus susceptibles de souffrir de thrombose ne soient pas admissibles à recevoir ce vaccin, suppose Denis Leclerc, professeur de biologie médicale à la faculté de médecine de l’Université Laval. « Ce ne sera pas évident de faire le tri et, à mon avis, cela donnera une vraie douche froide sur l’utilisation de ce vaccin », dit-il.

L’OMS en faveur du vaccin

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué être toujours en faveur de l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca selon l’état actuel des connaissances. L’Organisation soutient que la balance risque/bénéfice « reste très largement positive ».

Afin d’établir un ratio risque/bénéfice, les experts comparent le risque que court la population à ne pas être vaccinée et les complications qui sont liées à l’infection à la protection procurée par le vaccin, explique M. Leclerc.

Cependant, ils doivent aussi considérer dans leur décision qu’il y a bien d’autres vaccins que celui d’AstraZeneca de disponibles qui peuvent protéger la population en ce moment.

Denis Leclerc, professeur de biologie médicale à la faculté de médecine de l’Université Laval

Les spécialistes doivent donc établir s’il est préférable pour les citoyens d’être vaccinés immédiatement avec le vaccin d’AstraZeneca ou d’attendre quelques semaines pour être vaccinés avec celui d’une autre compagnie.

Pour le moment, l’OMS indique que les bénéfices du vaccin d’AstraZeneca dépassent les risques. « Ces avantages sont vraiment très importants en matière de réduction de la mortalité parmi les populations qui sont vaccinées », a souligné Rogério Pinto de Sá Gaspar, directeur de l’OMS chargé de la régulation, lors d’un point de presse de l’OMS consacré à la journée mondiale de la santé.

AstraZeneca au Canada

Jusqu’à maintenant, le Royaume-Uni recense 30 cas de thrombose et 7 décès sur plus de 18 millions de doses administrées. Par précaution, plusieurs pays, dont le Canada, la France et l’Allemagne, ont décidé de ne plus administrer ce vaccin en dessous d’un certain âge.

Cette décision est survenue à la suite d’une étude allemande proposant un possible mécanisme qui explique les maladies sanguines causées par le vaccin d’AstraZeneca. Bien que ce mécanisme ne soit pas encore confirmé, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) et le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) ont suggéré la suspension de l’administration du vaccin d’AstraZeneca chez les moins de 55 ans. D’autres pays, tels que la Norvège et le Danemark, ont suspendu son utilisation pour toute leur population.

La semaine dernière, le Canada a reçu 1,5 million de doses du vaccin d’AstraZeneca des États-Unis et devrait en recevoir 318 000 cette semaine en provenance du programme international de partage COVAX.

Avec l’Agence France-Presse