(Montréal) La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) s’adresse à la Cour supérieure pour qu’elle ordonne au gouvernement de refaire ses devoirs et de régler le problème de ventilation dans les écoles.

Inquiète de l’arrivée des nouveaux variants, elle dit vouloir freiner la transmission de la COVID-19 en milieu scolaire.

Armée d’un nouveau rapport d’expertise, la FAE conclut que Québec ne connaît pas le taux réel de CO2 dans les écoles québécoises. Une donnée cruciale, selon elle, car « plus le taux de CO2 est élevé, plus ça favorise la propagation du virus », a déclaré en entrevue le président de la FAE, Sylvain Mallette.

Ainsi, des salles de classe mal ventilées mettent à risque les élèves, comme les enseignants, d’être infectés par le virus, avance la fédération qui regroupe plusieurs syndicats dans le milieu de l’éducation.

La FAE dit avoir déposé sa demande d’injonction mardi matin à la Cour supérieure de Montréal.

En janvier dernier, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a dévoilé un rapport sur la qualité de l’air dans les écoles du Québec, concluant que la ventilation des écoles était adéquate.

Mais selon la firme d’expert EXP retenue par la FAE, la méthodologie employée par le gouvernement du Québec n’était pas destinée à connaître les concentrations de dioxyde de carbone (CO2), mais plutôt à mesurer l’impact positif de la ventilation naturelle dans les locaux scolaires.

Elle critique aussi la méthodologie d’échantillonnage utilisée par le gouvernement, faisant état de plusieurs failles, dont le fait qu’il a mesuré le taux de CO2 pour une seule période de cours, et non pas l’air que les élèves respirent au cours de toute une journée d’école. De plus, le rapport gouvernemental ne distingue pas les mesures de CO2 prises lors de la première période par rapport à la dernière période de cours : il est légitime de penser que les taux sont plus élevés à la fin de la journée, dit-elle.

Et puis, rien n’indiquait dans le rapport comment les mesures ont été prises : à quelle hauteur du plancher ? à quelle distance des murs ? Et combien de temps la prise de la mesure a-t-elle duré : cinq secondes ou cinq minutes ?

Forte de ces conclusions, et dans le but d’obtenir le portrait réel de la concentration de CO2 dans les classes, la FAE demande à la Cour supérieure d’intervenir en émettant, notamment, une injonction.

Elle veut que la méthodologie soit mieux ficelée, que ses paramètres respectent les balises émises par la firme EXP, et que le gouvernement établisse un calendrier rapide pour la prise de mesures adéquates dans les salles de classe. Puis, elle veut connaître les résultats des tests effectués — sans délai.

Cette injonction se greffe à une demande que la FAE avait déjà déposée devant les tribunaux, ayant pour but la mise en place d’un corridor de dépistage accéléré de la COVID-19 pour le réseau scolaire.

Ses démarches judiciaires visent à assurer la sécurité des élèves et du personnel enseignant, indique M. Mallette. « Il n’y a pas de chance à prendre », insiste-t-il.

« Le gouvernement doit refaire ses devoirs et recueillir des données qui témoignent du portrait réel des taux de concentration de CO2 dans les classes afin d’être en mesure d’apporter les correctifs nécessaires pour freiner la propagation du virus, notamment ses variants, dans les écoles. »

La FAE croit que sa demande d’injonction pourra être entendue dès cette semaine.

M. Mallette considère-t-il qu’il est réaliste de demander au gouvernement de réaliser tout ce travail d’ici la fin de l’année scolaire ?

« C’est essentiel, a-t-il rétorqué. Parce que l’on veut collectivement que les écoles restent ouvertes. »

Si le gouvernement avait fait son travail comme il faut en décembre dernier, on ne serait pas obligés d’aller maintenant devant les tribunaux, a-t-il ajouté.