(Québec) Malgré les appels de l’opposition, le gouvernement Legault refuse d’ériger des barrages policiers ou de mettre en place des contrôles aléatoires pour protéger davantage les six régions qui passeront en zone orange à compter du 8 février.

« Ce n’est pas dans notre intention actuellement. La Santé publique ne nous demande pas de faire des barrages policiers entre les régions. On se fie toujours à la Santé publique sur les mesures », a soutenu la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, mercredi matin. Les déplacements entre régions restent ainsi « fortement déconseillés ». Rappelons que le gouvernement a déjà dit qu’il était parfois allé plus loin que les recommandations de la Santé publique.

Si Québec a mis en place des barrages le printemps dernier, c’est que le contexte était différent et que la population n’était pas alors aussi sensibilisée qu’aujourd’hui concernant les consignes sanitaires, selon elle.

Geneviève Guilbault a ajouté que les policiers « sont déjà occupés par d’autres mesures, entre autres le couvre-feu et le suivi de quarantaine de ceux qui reviennent de voyage ».

Quelque 1084 constats d’infraction ont été donnés la semaine dernière pour non-respect du couvre-feu ; 1440 suivis de quarantaine ont été faits au cours de la même période.

Ce n’est pas un manque de ressources qui explique le refus du gouvernement, selon elle.

Mercredi matin, l’opposition a réclamé que le gouvernement mette en place des mesures supplémentaires pour protéger les zones orange.

La veille, lors de l’annonce de son petit déconfinement, le premier ministre François Legault a déclaré que se déplacer d’une région « rouge » à une région « orange » n’est pas recommandé, sans être interdit formellement.

« Il n’y aura pas de contraventions, pas de barrages routiers non plus. Je demande à tous les Québécois d’éviter de voyager d’une région à l’autre, d’éviter de louer des chalets plusieurs familles », affirmait-il.

Pour le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, le gouvernement doit « refaire ses devoirs sur cette question ».

« La flexibilité régionale, c’est une bonne nouvelle, mais il faut maintenant réfléchir à comment on va protéger les régions. Parce qu’on l’a vu dans les derniers mois, et le gouvernement doit apprendre de ces erreurs-là. Il y a une semaine de relâche qui s’en vient, il ne faudrait pas voir des mouvements massifs de citoyens de zone rouge vers des zones orange », a-t-il soutenu mercredi matin.

« Je n’ai pas de solution parfaite, je n’ai pas de recette miracle, mais il faut trouver une solution pour contrôler minimalement les transferts entre les régions parce que sinon on va se retrouver dans la même situation qu’avant. Est-ce que les barrages, c’est la solution ? C’est certainement une des avenues possibles, il y en a peut-être d’autres. Puis on attend à ce que le gouvernement nous fasse des propositions là-dessus. »

Le Parti libéral réclame des barrages routiers pour éviter les déplacements entre zones rouge et orange.

« À l'automne, on avait nous même proposé qu'il y ait un contrôle et des barrages routiers », a rappelé la cheffe Dominique Anglade. « Il est évident [...] que si tu passes d'une zone rouge à orange, il devrait y avoir des barrages routiers, des restrictions d'une zone à l'autre. Pour moi, c'est le principe de précaution qui devrait s'appliquer et [il faut] que ce soit clair du côté du gouvernement », a-t-elle ajouté.

Le Parti québécois propose plutôt que l'on tienne des contrôles aléatoires et que l'on augmente la surveillance policière dans les régions. À l'approche de la semaine de relâche, la formation réclame également l'interdiction de location de chalets en zone orange pour une personne vivant en zone rouge. « Ce serait déjà un signal comme quoi on s'attend à ce que les gens qui vivent en zone rouge n'aillent pas faire la fête dans la zone orange », a souligné le chef Paul St-Pierre Plamondon, mercredi.

Les régions qui passeront en zone orange à compter du 8 février sont la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec.

- Avec Fanny Lévesque