Les données sur l’efficacité vaccinale contre le variant Omicron nous parviennent de partout dans le monde, à partir d’échantillons de populations différentes de celle du Québec. Comment Omicron touchera-t-il les Québécois ? Les résultats d’une nouvelle étude donnent quelques pistes de réflexion.

Omicron est le variant le moins bien reconnu

Pour que le système immunitaire puisse engager la bataille, il doit d’abord être en mesure de reconnaître l’intrus. Or, le niveau d’anticorps mesuré dans le plasma sanguin de participants doublement vaccinés de l’étude montre que leur système immunitaire peine à reconnaître le variant Omicron.

En effet, les protéines de surface du variant Omicron ont été moins bien reconnues par les anticorps des personnes vaccinées que les protéines de surface des variants Alpha, Bêta, Gamma et Delta, a observé Andrés Finzi, chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), dans une nouvelle étude prépubliée sur le site medRxiv.

Mais quel niveau d’anticorps est-il requis pour pouvoir affirmer qu’une personne pourra efficacement combattre le virus ? « C’est le problème qu’on a depuis le début de la pandémie, on ne peut pas l’établir », dit le DGaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui a aussi participé à l’étude.

Les vaccinés qui ont eu la COVID-19 restent les mieux protégés

L’étude compare deux cohortes : des personnes doublement vaccinées qui n’ont jamais été exposées au SARS-CoV-2 et des personnes doublement vaccinées qui ont eu la COVID-19.

Le moment de cette infection importe peu : qu’elle soit survenue avant la vaccination, entre les deux doses ou après la deuxième dose, l’infection agit comme une « troisième stimulation du système immunitaire », et les résultats montrent que cette cohorte reconnaît mieux Omicron que les autres vaccinés.

Pourquoi ? « Lorsqu’on est infecté, notre système immunitaire est exposé à l’ensemble du virus. La vaccination, elle, cible la protéine de surface du virus, le spicule », rappelle le DGaston De Serres. Le fait de s’être déjà frotté au virus SARS-CoV-2, peu importe le variant, semble encore conférer à cette cohorte un petit avantage sur les doubles vaccinés qui n’ont jamais contracté la COVID-19.

Depuis le début de la pandémie, plus de 500 000 Québécois ont contracté la COVID-19. Environ 78 % de la population a reçu deux doses de vaccin.

Trop tôt pour savoir si le long intervalle entre les deux premières doses aura un effet

Autre élément de comparaison utilisé dans l’étude : celui entre les personnes doublement vaccinées avec un court intervalle (4 semaines) et celles doublement vaccinées avec un long intervalle (16 semaines).

Au Québec, la plupart des personnes doublement vaccinées l’ont été avec un intervalle variant entre 8 et 16 semaines. Des études publiées à l’automne par l’INSPQ ont montré qu’un intervalle d’au moins 8 semaines entre les deux doses renforçait la protection contre le variant Delta.

Est-ce que le long intervalle offrira le même avantage face à Omicron ? Les premiers résultats montrent pour l’instant une meilleure performance du long intervalle pour neutraliser Omicron. « Mais il est trop tôt pour le confirmer », dit M. Finzi. « C’est une piste intéressante », dit le DDe Serres. « Mais évidemment, on ignore encore si ça fait une grosse différence sur la protection réelle contre le virus. »

Trois doses valent mieux que deux

C’est l’élément sur lequel insistent les chercheurs. La troisième dose, « elle est clairement utile », dit le DDe Serres. « On sait que le niveau d’anticorps sera multiplié de façon considérable par rapport à la deuxième dose. »

Et même si les anticorps générés par le vaccin ne seront pas aussi précis que ceux qui ont affronté le virus dans son ensemble, ils seront vraisemblablement assez nombreux pour venir à bout d’Omicron.

Depuis lundi, les personnes de 60 ans et plus peuvent prendre rendez-vous pour leur troisième injection. Un intervalle d’au moins trois mois entre l’administration de la deuxième et de la troisième dose est recommandé.

Certains groupes sont également admissibles à la troisième dose, dont les personnes immunosupprimées, les travailleurs de la santé, les premiers répondants et les femmes enceintes.

Avec la collaboration d’Alice Girard-Bossé, La Presse