À combien de cas de COVID-19 par jour pourrait-on monter ? Jusqu’à 9000 par jour dans la grande région de Montréal, selon les dernières projections de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Mardi, il y avait environ 4500 nouvelles infections dans la région de Montréal.

Et si le variant Omicron s’avère aussi virulent que le variant Delta, les hôpitaux de la région de Montréal risquent de ne pouvoir traiter tous les patients atteints de la COVID-19. La région de Montréal atteindrait alors un pic insoutenable de 225 nouvelles hospitalisations par jour au sommet de la présente vague en décembre ou en janvier, selon les prévisions de l’INSPQ.

Il y a actuellement 840 lits d’hôpital pour des patients atteints de la COVID-19 au Québec. En 2020, Québec avait atteint jusqu’à environ 1800 lits destinés à ces patients en faisant du délestage ailleurs dans le réseau de la santé.

« On ne peut pas exclure un dépassement des capacités hospitalières, même avec les mesures [sanitaires] et l’accélération de la vaccination avec une troisième dose », écrit l’INSPQ dans son rapport publié mercredi matin.

Un sommet de 9000 nouveaux cas par jour dans la région de Montréal (ce qui comprend l’île de Montréal, Laval, Montérégie et Lanaudière) plus tard en décembre et en janvier pourrait vouloir dire un sommet allant jusqu’à 13 800 cas par jour pour tout le Québec (ce dernier chiffre est un calcul au prorata effectué par La Presse, et non une prévision de l’INSPQ). La région de Montréal représente environ 65 % des cas détectés de COVID-19 et 60 % de la population au Québec.

L'hypothèse de l'INSPQ tient compte de l’incidence des mesures sanitaires annoncées par le gouvernement du Québec les 16 et 20 décembre (il ne tient pas compte des nouvelles mesures sanitaires annoncées mercredi soir). Sans les nouvelles mesures sanitaires des 16 et 20 décembre, l’INSPQ prévoit un maximum d’environ 20 000 cas par jour et 600 nouvelles hospitalisations par jour seulement dans la région de Montréal.

À interpréter avec prudence

L’INSPQ prévient toutefois qu’à ce stade-ci, ses différents scénarios de prévisions doivent être interprétés prudemment, car il reste plusieurs incertitudes entourant le variant Omicron. On ne connaît pas encore son degré de virulence par rapport à celui du variant Delta. C’est pourquoi l’INSPQ a présenté quatre scénarios dans son étude, où le niveau de transmissibilité, la virulence et la résistante à la troisième dose d’Omicron varient.

Le scénario de 9000 cas et 225 hospitalisation par jour dans le Grand Montréal est le plus pessimiste des quatre présentés par l'INSPQ, mais probablement aussi le plus réaliste, si on se base sur les chiffres préliminaires provenant du Royaume-Uni. Ce scénario prévoit qu’Omicron serait aussi virulent que Delta (le degré de virulence change beaucoup la donne quant au nombre d’hospitalisations), qu’Omicron aurait une haute transmissibilité, mais aussi que la troisième dose du vaccin donnerait une excellente protection contre ce nouveau variant (protection de 80 % à 90 % contre l’infection et de 90 % à 99 % contre l’hospitalisation). Or, les études préliminaires en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne montrent plutôt qu’une troisième dose de vaccin donnerait une protection de 75 % contre l’infection et de 80 % à 85 % contre l’hospitalisation.

L’INSPQ n’a pas dévoilé pour l’instant de chiffres pour le scénario théorique le plus catastrophique : Omicron serait aussi virulent que Delta (on ne le sait pas pour l’instant), il aurait un haut niveau de transmissibilité (ce fait semble déjà acquis) et il résisterait davantage à la troisième dose du vaccin (protection de 70 % à 75 % contre l’infection et de 85 % à 90 % contre l’hospitalisation, soit les chiffres des premières études en Afrique du Sud et au Royaume-Uni).

Par contre, si Omicron s’avère trois fois moins virulent que Delta, le nombre de nouvelles hospitalisations serait limité à 100 par jour au pire de la présente vague. C’est essentiellement le niveau de janvier dernier. Pour tous les chiffres de l’INSPQ indiqués dans cet article, il s’agit de la médiane. Par exemple, la prévision de 9000 cas par jour est la médiane des prévisions de ce scénario.

« Intensification rapide » des hospitalisations, selon l’INESSS

De son côté, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a prévu mercredi une « intensification rapide du nombre de nouvelles hospitalisations et des taux d’occupation des lits COVID au cours des trois prochaines semaines », à partir d’analyses qui ont toutefois été réalisées les 15, 17 et 19 décembre derniers, avant l’annonce de nouvelles restrictions.

« À partir des données colligées jusqu’au 19 décembre, les projections suggèrent que d’ici trois semaines, l’occupation des lits réguliers et des lits aux soins intensifs pour les patients COVID pourrait atteindre le niveau 3 défini par le MSSS [ministère de la Santé et des Services sociaux]. Ce niveau correspond à 80 % du sommet observé en janvier 2021. Il est à noter que ces taux d’occupation projetés pourraient être plus élevés compte tenu de l’évolution rapide des cas et des enjeux de sous-estimation de ceux-ci », indique aussi l’INESSS.

Dans le réseau de la santé, on a observé mercredi une hausse de 30 hospitalisations par rapport à la veille, qui se traduit par 76 nouvelles entrées et 46 sorties. À l’heure actuelle, 445 patients sont hospitalisés en lien avec la COVID-19, dont 88 aux soins intensifs, un chiffre qui est demeuré stable en 24 heures (12 entrées, 12 sorties). Les résidants du Grand Montréal représentent actuellement 70 % de ces hospitalisations.