C’est maintenant la « priorité » du gouvernement Legault : l’administration de la troisième dose de vaccin contre la COVID-19 sera accélérée au Québec pour tenter de maîtriser la hausse des cas et juguler le variant Omicron. L’intervalle entre la deuxième et la troisième dose passe de six mois à trois mois. Une mesure saluée par les experts, qui rappellent toutefois que le défi sera de trouver les ressources nécessaires pour vacciner à un rythme soutenu.

« Forts de ça, c’est sûr qu’on va ajuster notre calendrier. Des rendez-vous additionnels vont être disponibles », a assuré jeudi le ministre de la Santé, Christian Dubé, en confirmant qu’environ 1500 personnes s’étaient déjà proposées via la plateforme Je contribue !, afin de prêter main-forte au gouvernement dans l’effort massif de vaccination.

Québec dit s’affairer à « trier ceux qui ont les compétences » pour administrer des vaccins, mais invite encore toutes les personnes estimant détenir ces habiletés à se manifester.

Ainsi, dès le lundi 20 décembre, les Québécois de 65 ans et plus pourront prendre leur rendez-vous. Et à compter du lundi 27 décembre, ce sera le tour des 60 ans et plus. Il se peut aussi que la vaccination soit plus rapide dans certaines régions. Le gouvernement espère être en mesure de vacciner sous peu jusqu’à 100 000 personnes par jour. Les travailleurs de la santé seront par ailleurs priorisés.

Dans les CHSLD et les résidences privées pour aînés (RPA), où 99 % des résidants ont déjà reçu leur dose de rappel, tous les visiteurs et les proches aidants devront désormais présenter un passeport vaccinal, par mesure préventive. « On va aussi y rendre nos tests rapides disponibles », a promis M. Dubé, sans toutefois avancer d’échéancier. Le ministre a ensuite livré un plaidoyer pour la sécurité des personnes âgées. « Il faut porter le masque, il faut faire attention. La distanciation, particulièrement dans les aires communes, faites attention. Même si vous avez votre troisième dose, le virus circule », a-t-il rappelé à l’endroit des usagers de ces résidences.

Dans les derniers mois, le Québec « a été capable d’éviter des éclosions majeures [dans les RPA et les CHSLD] », a aussi glissé Christian Dubé, en disant tout mettre en œuvre pour que le cauchemar de 2020 ne se reproduise pas.

« Ça devient une clé importante, cette troisième dose », a de son côté souligné le premier ministre, François Legault, en rappelant toutefois qu’il sera « important de respecter l’ordre selon les risques de chacun ». « Si on ouvrait demain matin aux 18 ans et plus, ça voudrait dire qu’on pourrait se retrouver dans une situation où une personne de 40 ans pourrait passer devant une personne de 70 ans, qui est beaucoup plus vulnérable. On veut y aller par ordre de risque, y aller graduellement », a-t-il prévenu, avant d’ajouter : « Le fait qu’on soit mieux vaccinés qu’ailleurs, ça va nous aider, c’est certain, mais malgré ça, on va être frappés. »

La troisième dose cruciale

À l’instar du gouvernement, les experts joints par La Presse sont unanimes : la troisième dose de vaccin sera cruciale pour surmonter cette nouvelle vague de cas, propulsée par le variant Omicron.

Les plus récentes données démontrent que le vaccin Pfizer perd significativement en efficacité contre le variant Omicron. Ainsi, le vaccin protège à 70 % contre les complications graves, et à 33% contre les risques d’infection. Or, le vaccin était auparavant efficace contre plus de 90 % des cas sévères et 75 % des infections.

« Ce n’est pas négligeable. Si la troisième dose n’était pas absolument requise pour la majorité de la population avant le variant Delta, elle est pas mal plus importante avec le variant Omicron », affirme Alain Lamarre, professeur et chercheur spécialisé en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique.

Une dose de rappel permettrait en effet d’augmenter rapidement le niveau d’anticorps, rappelle M. Lamarre, ce qui donnerait au système immunitaire de meilleures chances de se protéger contre le variant Omicron.

Si Québec a fait de l’administration plus rapide de la troisième dose une priorité, « le vrai problème du Québec, c’est notre capacité à vacciner », estime Gaston De Serres, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Il faut augmenter considérablement le nombre de vaccinateurs. Il est à ce niveau-là, le goulot d’étranglement », dit-il.

Pour qu’elle soit le plus efficace possible, la vaccination devra aller de pair avec les gestes barrières. « Tout le reste, le masque, la distanciation sociale, le nettoyage des mains, c’est encore beaucoup de mise. Depuis le temps qu’on les applique, parfois on est portés à être un peu plus négligents, à les prendre plus à la légère », prévient à ce sujet la Dre Maryse Guay, médecin-conseil à la Direction de santé publique et à l’INSPQ, et membre du Comité sur l’immunisation du Québec.

Dans une version précédente de ce texte, il était indiqué que le vaccin de Pfizer diminuait le risque d'infections contre le variant Omicron de 33%. Il protège plutôt le risque d'infection à 33%. Nos excuses.