(Toronto) Alors que l’Ontario renoue avec des bilans quotidiens de nouveaux cas d’avant la quatrième vague, le gouvernement annonce qu’il veut doubler le nombre d’inspecteurs dans les foyers de soins de longue durée.

Le ministre des Soins de longue durée, Rod Phillips, a déclaré mardi que le gouvernement prévoyait d’embaucher d’ici l’automne prochain 193 nouveaux inspecteurs, afin d’atteindre un ratio d’un inspecteur pour deux établissements de soins de longue durée. Le gouvernement prévoit dépenser 20 millions $ pour cette initiative.

Cette annonce précède le dépôt d’un projet de loi, attendu plus tard cette semaine, qui, selon le ministre Phillips, permettrait aux inspecteurs de porter des accusations sur-le-champ contre les propriétaires des foyers. Les « inspections proactives » se concentreront sur les droits des résidents, la prévention et le contrôle des infections, les plans de soins, les abus et la négligence, la nutrition et l’hydratation, les politiques et directives, les observations de repas et la gestion des médicaments.

M. Phillips explique que le gouvernement suit les recommandations de la commission qui a examiné les conditions dans les foyers de soins de longue durée de l’Ontario. Ces établissements ont connu, comme au Québec, des milliers de décès et d’infections dus à la COVID-19 pendant la pandémie. Le rapport final de la commission a souligné que le gouvernement ontarien avait réduit les inspections proactives en 2018 pour se concentrer sur les « inspections réactives », qui répondaient aux plaintes et aux incidents graves.

La PDG de l’Association des soins de longue durée de l’Ontario, Donna Duncan, a prévenu qu’il ne fallait pas que les inspections fassent fuir le personnel, déjà difficile à garder. Elle espère aussi que les inspecteurs ne seront pas recrutés parmi le personnel du réseau, ce qui pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre.

« AdvantAge Ontario », qui représente les foyers à but non lucratif appartenant à des municipalités et à des organismes sans but lucratif, craint aussi une pénurie de personnel. La PDG, Lisa Levin, croit que « si les inspections et les sanctions précèdent la dotation en personnel et la formation, il y a un risque que le reste du système s’effondre ».

Un bilan qui s’améliore

L’Ontario signalait par ailleurs mardi 269 nouveaux cas de COVID-19, le plus faible nombre quotidien depuis le début du mois d’août, avant la quatrième vague. On déplorait quand même mardi cinq autres décès en Ontario.

Le ministère de la Santé précise que 65 % de ces nouveaux cas concernaient des personnes qui ne sont pas complètement vaccinées ou dont le statut vaccinal est inconnu. Il y avait mardi matin 138 personnes aux soins intensifs en raison de la COVID-19, dont près de 88 % ne sont pas complètement vaccinées ou ont un statut vaccinal inconnu.

On signalait par ailleurs 150 nouveaux cas liés aux écoles, mais ce bilan couvre les nouveaux cas recensés depuis vendredi après-midi jusqu’à lundi après-midi. Le ministre de l’Éducation a annoncé mardi que jusqu’à 50 000 travailleurs de l’éducation pourraient être licenciés si la vaccination était obligatoire dans ce secteur.

Lors de la période des questions, Stephen Lecce a déclaré qu’une telle directive se solderait par des mises à pied massives, alors que l’Ontario fait déjà face à des problèmes de dotation. Une porte-parole du ministre Lecce a rappelé que le personnel non vacciné devait être testé deux fois par semaine. Par ailleurs, plus de 85 % du personnel éducatif ont indiqué qu’ils étaient entièrement vaccinés.

Certains conseils scolaires, notamment à Toronto, ont adopté des politiques plus strictes, qui incluent la mise à pied possible.

D’autre part, le premier ministre Doug Ford a déclaré mardi qu’il souhaitait que tous les travailleurs de la santé de première ligne soient vaccinés, mais il n’a pas encore pris de décision quant à l’opportunité de leur imposer.

Actuellement, les travailleurs de la santé et de l’éducation en Ontario doivent être vaccinés contre la COVID-19 ou se faire tester régulièrement. Le premier ministre a envoyé ce mois-ci une lettre aux PDG des hôpitaux et d’autres organisations de santé pour obtenir leur avis sur l’opportunité d’adopter une politique plus stricte.

De nombreux hôpitaux qui ont déjà mis en place de telles politiques ont vu en moyenne 2 % de leur personnel mis en congé ou licencié. M. Ford a déclaré qu’il souhaitait explorer les impacts possibles en matière de dotation dans les hôpitaux ruraux et nordiques, en particulier.

M. Ford a par ailleurs dit comprendre les parents qui hésitent à faire vacciner leurs enfants de cinq ou six ans lorsque cette vaccination sera approuvée. « Quand il s’agit d’enfants de cinq à onze ans, je veux laisser ça aux parents », a-t-il déclaré.