Les clients de la Taverne Midway, au centre-ville de Montréal, ont présenté leur code QR avant de se voir assigner une table vendredi soir, dans le cadre du troisième projet-pilote visant à tester le passeport vaccinal. Un essai réussi pour l’établissement, qui a par ailleurs attiré une cinquantaine de manifestants venus exprimer leur opposition à cette mesure.

Le bruit des klaxons retentissait sur le boulevard Saint-Laurent, au moment où des manifestants s’entassaient sur le trottoir en face de la taverne, de l’autre côté de la rue.

« Mon corps, mon choix », « liberté », criaient les opposants à la preuve vaccinale, en brandissant des pancartes évoquant un « passeport nazitaire ».

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et des gardiens de sécurité se trouvaient devant la taverne.

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Après plusieurs minutes, les manifestants ont traversé le boulevard pour aller insulter les clients du resto-bar à travers les fenêtres. Un homme a brandi un crucifix, pendant que d’autres tenaient des pancartes de carton où on pouvait notamment lire « code QR, vol de données précieuses privées ».

Les récalcitrants s’étaient dispersés au milieu de la voie de circulation. La situation a été maîtrisée après quelques minutes, lors de l’intervention des policiers.

À partir du 1er septembre, les Québécois devront être adéquatement vaccinés s’ils veulent avoir accès aux gyms, aux restaurants et aux « évènements publics à fort achalandage ». Un délai minimum de sept jours après l’injection est nécessaire pour que le passeport vaccinal soit valide.

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Utilisation à l’entrée de la Taverne Midway de l'application conçue par Québec pour lire les codes QR qui confirment la vaccination des clients.

Un test réussi, mais de la gestion à prévoir

Le projet-pilote à la Taverne Midway visait à tester la lecture des codes QR et l’application conçue par Québec à cet effet.

À l’entrée du restaurant, un employé vérifiait le code QR des clients au moyen de cette application. En dehors des projets-pilotes, ce sont les entreprises qui devront fournir un téléphone cellulaire pour la télécharger.

Si la personne est adéquatement vaccinée, un voyant vert s’affiche sur l’application. Une pièce d’identité lui est ensuite demandée. Si le code QR n’est pas actif, un avertissement rouge apparaît sur l’écran.

Le propriétaire de la Taverne Midway, Charles Landry, pousse un soupir en s’assoyant pour parler à La Presse, au milieu de cette soirée mouvementée.

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Charles Landry

« La raison pour laquelle on l’a fait, c’est pour aider notre communauté de restaurants et de bars au Québec, qui va de toute façon être obligée de vivre avec le passeport vaccinal », affirme-t-il. L’établissement ne souhaitait pas prendre position sur cet enjeu. « Ce qu’on veut, c’est éviter une fermeture de nos établissements », poursuit-il.

Depuis plus d’une semaine, la Taverne Midway est victime d’une vague de commentaires haineux sur les réseaux sociaux, de la part de personnes s’opposant au passeport vaccinal. Malgré tout, M. Landry ne regrette pas de s’être lancé dans le projet-pilote.

Arnaud Boir, employé de la Taverne Midway, s’occupait de scanner les codes QR des clients. Il n’a pas perçu de problèmes informatiques majeurs en début de soirée. « On s’est toujours adaptés. On va juste s’adapter à la nouvelle situation », lance-t-il, en réagissant à l’implantation de la nouvelle mesure.

Pour Charles Landry, la mise en place du passeport vaccinal est davantage une question de logistique. « Le passeport vaccinal, il prend du temps », plus qu’un registre des clients, déclare-t-il.

Le propriétaire espère que des assouplissements aux mesures seront apportés pour les restaurants et les bars de la province une fois le passeport vaccinal mis en place, en ce qui concerne notamment la distance de deux mètres entre les tables et la limite de la capacité d’accueil.

L’application de lecture du code QR pourra être téléchargée par tous, car chacun pourra y télécharger son propre code, a assuré Marjorie Larouche, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux. Il est aussi possible d’imprimer son code QR.

Les projets-pilotes étant de nature volontaire, aucune personne ne s’est fait refuser l’accès au resto-bar.

Les clients favorables au passeport vaccinal

Les clients de la Taverne Midway rencontrés par La Presse étaient satisfaits du projet-pilote.

« Je suis venue spécifiquement ici ce soir pour pouvoir tester [mon code QR] », lance Christine Ouellet. Son amie Johane Couture n’avait pas téléchargé son code QR adéquatement, par mégarde, mais elle appuie le passeport vaccinal.

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Christine Ouellet et Johane Couture

Nicolas Dénommée juge le fonctionnement du passeport vaccinal « assez simple ». « Au début, je n’étais pas nécessairement pour le passeport vaccinal, mais si c’est ça que ça prend pour que les commerces [restent ouverts], j’aime mieux ça que de tout voir fermer », affirme-t-il.

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Nicolas Dénommée

« J’ai été très impressionné quand ils ont scanné mon code, il n’y a pas de décalage », a lancé Mark Schlosser, qui se réjouit que Québec ait pris la décision de mettre en place un passeport vaccinal.

 Deux autres projets-pilotes, deux manifestations 

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Un premier projet-pilote s’était déroulé les 11 et 12 août derniers au restaurant La Cage de Lebourgneuf, à Québec.

Un premier projet-pilote s’est déroulé les 11 et 12 août derniers au restaurant La Cage de Lebourgneuf, à Québec. De nombreux manifestants s’étaient présentés devant l’établissement pour exprimer leur opposition au passeport vaccinal.

Mardi et mercredi derniers, la preuve sanitaire a été testée au gym Éconofitness du quartier Vimont, à Laval. Des opposants au vaccin ont aussi exprimé leur mécontentement dans le stationnement du gym.