La preuve vaccinale est-elle falsifiable au Québec ? Au moment où le gouvernement Legault songe à imposer un passeport vaccinal en cas d’éclosion, une enquête policière se penche sur des allégations de « contrefaçon de preuve vaccinale », a appris La Presse. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dit avoir été informé de la situation et collabore avec les corps policiers.

« Des allégations de contrefaçon de preuve vaccinale furent portées à notre attention. En plus de compromettre la santé des citoyens, ce type d’infraction est passible de mesures administratives, disciplinaires et/ou de poursuites criminelle ou pénale », lit-on dans un courriel de l’Équipe intégrée en sécurité du Ministère envoyé aux directeurs de vaccination, que La Presse a obtenu.

L’unité précise qu’en attendant « le résultat des enquêtes policières en cours », certaines mesures de prévention doivent être prises. On suggère de bien informer les équipes « du rôle attendu et de l’importance accordée par les autorités à ce phénomène », d’assurer « un contrôle des carnets d’attestation et des accès aux systèmes de gestion informatique » et de signaler toute infraction à la police.

De son côté, le MSSS confirme être « au fait de la situation », mais précise que « pour l’instant, il s’agit uniquement d’allégations ». « En respect de l’enquête en cours, nous réservons nos commentaires », indique la porte-parole, Noémie Vanheuverzwijn, en assurant que Québec « collabore avec les corps policiers ».

Pour la preuve vaccinale, la priorité est le respect de la confidentialité des données et nous travaillons en ce sens. Il est à noter également que le code QR de la preuve vaccinale électronique est produit avec une signature que seul le MSSS possède, rendant cette preuve vaccinale infalsifiable.

Noémie Vanheuverzwijn, porte-parole au ministère de la Santé et des Services sociaux

C’est à la lecture du code QR, à partir d’un lecteur qui sera rendu disponible par le Ministère, le cas échéant, que Québec « s’assurera que l’information n’a pas été altérée et que le code QR est valide ». « Aucune utilisation de la preuve vaccinale électronique n’est prévue pour le moment par le gouvernement », dit-on.

Préoccupant, mais pas alarmant

D’après le coordonnateur au Laboratoire de recherche en médias socionumériques, Jonathan Bonneau, le « danger informatique » derrière ces allégations, si elles sont fondées, commence « s’il y a un usage des faux documents pour ensuite s’inscrire à des activités ou effectuer des voyages ». « Si ça se produit, et que ces faux passeports s’inscrivent dans des bases gouvernementales, ce serait là d’une façon tout à fait invisible. C’est ça, le grand risque », juge-t-il.

« Si on arrive à prévenir l’enregistrement de ces présumés faux passeports, il n’y aura aucun problème, mais si ces données sont utilisées de quelconque façon, ça peut devenir impossible de retracer la source. À très court terme, il faut donc trouver le moyen d’y mettre un terme », soutient M. Bonneau, qui ajoute qu’un faux passeport vaccinal identifié dans plusieurs pays serait « encore plus complexe » à retracer.

Pour le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM, les allégations sont certes « préoccupantes », mais pas alarmantes à court terme au Québec, « où la situation épidémiologique est stable ».

C’est sûr qu’il y a un marché pour ça, et c’est donc préoccupant, mais j’ose croire que la proportion des gens qui iraient chercher une contrefaçon de preuve vaccinale représente une proportion infime de la population. Pour l’instant, ça n’aurait pas d’impact majeur sur la campagne.

Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM

Si toutefois une hausse du nombre de contaminations survenait, ces stratagèmes pourraient être plus risqués. « Avec une arrivée plus massive d’infections à l’automne, ça pourrait devenir plus préoccupant et causer des problèmes. Il faut espérer que si c’est le cas, les autorités pourront mettre fin à tout ça et trouver les auteurs avant une autre vague », ajoute M. Barbeau.

Ailleurs dans le monde

La contrefaçon de preuves vaccinales occupe les autorités dans bien d’autres pays dans le monde. La semaine dernière, le quotidien Le Monde a rapporté notamment que six personnes avaient été interpellées dans la région de Lyon, les Yvelines et le Val-de-Marne, dont deux acheteurs et quatre personnes qui faisaient partie d’« un réseau de fourniture de vrais-faux certifications de vaccination ».

Quelques jours avant, Le Figaro avait rapporté que les recherches Google « faux vaccin », « faux pass sanitaire » ou « faux test COVID-19 » connaissaient une hausse marquée en ligne. Le tout survenait alors que le président de la République française, Emmanuel Macron, venait d’annoncer que la population devrait bientôt présenter un passeport sanitaire pour aller dans les lieux de culture, dans les restaurants ou les transports.

Avec l’Agence France-Presse

La moitié des Québécois ont reçu leurs deux doses

Tous âges confondus, la moitié des Québécois ont maintenant reçu leurs deux doses de vaccin contre la COVID-19. À ce jour, environ 4,3 millions de Québécois ont en effet reçu deux doses, ce qui représente 50,2 % de la population globale. Vendredi, Québec a recensé 101 nouveaux cas et un décès supplémentaire.

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Il convient de préciser que ces chiffres portent sur l’ensemble de la population. Autrement dit, même les jeunes de moins de 12 ans, qui ne sont pas encore admissibles à la vaccination, sont inclus dans ce calcul. Si on tient uniquement compte des Québécois de 12 ans et plus admissibles à la vaccination, ce sont 59,8 % des Québécois qui sont déjà pleinement vaccinés.

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Jeudi, la province a administré 92 624 doses de vaccin supplémentaires, auxquelles s’ajoutent 1410 vaccins donnés avant le 22 juillet qui n’avaient pas encore été comptabilisés. Les 101 nouveaux cas rapportés vendredi portent à 88 la moyenne quotidienne calculée sur une semaine. La tendance est ainsi en hausse de 30 % sur une semaine. Avec un décès supplémentaire, la moyenne demeure à un par jour. On a enregistré vendredi une baisse de 4 hospitalisations par rapport à la veille, pour un total de 67 jusqu’ici. De ce nombre, 21 patients se trouvent aux soins intensifs.