(Fredericton) Une spécialiste des maladies infectieuses maintient que les quelques milliers de doses de vaccin Oxford-AstraZeneca qui ont expiré au Canada avant de trouver preneurs constituent un petit prix à payer pour s’assurer au final d’un approvisionnement adéquat au pays.

« Nous avons délibérément acheté plus de vaccins (que nécessaire), car nous savions qu’avec autant de vaccins différents à venir, il y aurait forcément des problèmes avec un ou plusieurs d’entre eux, et que certains ne seraient tout simplement jamais livrés jusqu’à nous », explique en entrevue la docteure Allison McGeer, de l’hôpital Mount Sinai de Toronto.

Elle rappelle que les quelques milliers de doses d’AstraZeneca qui seront gaspillées représentent une quantité relativement infime dans un monde qui a besoin de milliards de doses de vaccins contre la COVID-19. « Nous avons travaillé très fort dans tout le pays pour ne pas gaspiller de vaccins, mais il n’était pas réaliste de croire que nous n’allions pas en perdre », a déclaré l’infectiologue.

Des provinces de l’Atlantique ont dû se débarrasser de milliers de doses d’Oxford-AstraZeneca au cours des dernières semaines lorsque la demande s’est tarie et que les vaccins ont expiré. L’Île-du-Prince-Édouard a annoncé cette semaine qu’elle avait éliminé 3200 doses d’AstraZeneca périmées, et Terre-Neuve-et-Labrador a confirmé jeudi que près de 2900 doses seront perdues.

Le mois dernier, le Comité consultatif national de l’immunisation a recommandé que les personnes qui avaient reçu l’AstraZeneca en première dose reçoivent en deuxième dose l’un des vaccins à ARNm — le Pfizer-BioNTech ou le Moderna. La responsable fédérale de la santé publique, la docteure Theresa Tam, a déclaré que selon des études allemandes, ce mélange de vaccins est plus efficace que deux doses d’AstraZeneca. Sans compter le risque du trouble rare de coagulation sanguine lié à l’AstraZeneca.

Ce n’est donc pas étonnant que des doses d’AstraZeneca soient maintenant perdues. Le ministère de la Santé de l’Île-du-Prince-Édouard assure que ses doses excédentaires avaient été offertes à d’autres provinces avant leur expiration. Un approvisionnement limité a quand même été conservé pour les citoyens qui ne peuvent pas recevoir de vaccin à ARNm.

Au Nouveau-Brunswick, on indique que 960 doses d’AstraZeneca avaient expiré fin juin, 10 300 autres doses doivent expirer fin août et 200 autres fin octobre. Shawn Berry, porte-parole du ministère de la Santé, soutient que la province est en pourparlers avec Ottawa pour une redistribution des doses qui ne sont plus nécessaires au Nouveau-Brunswick.

Ainsi, Terre-Neuve-et-Labrador a pu transférer à l’Ontario au mois de mai 1400 doses d’AstraZeneca dont la date de péremption approchait. La province a toutefois perdu 2848 doses de vaccin fin juin. En Nouvelle-Écosse, les responsables de la santé ont déclaré qu’elles n’avaient perdu que 300 doses d’AstraZeneca sur les 60 000 reçues. La province n’a pas l’intention pour le moment de commander de nouvelles doses d’AstraZeneca.

Ailleurs, le Manitoba a perdu moins de 550 doses d’AstraZeneca sur 84 000, l’Alberta 3947 doses sur 292 000 doses administrées à ce jour.

Ottawa a annoncé lundi qu’il ferait don de près de 18 millions de doses d’AstraZeneca aux pays les plus pauvres. La ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand, a indiqué qu’après avoir discuté avec les provinces, il avait été déterminé que la demande pour l’AstraZeneca avait été satisfaite et que les doses restantes à Ottawa pouvaient être considérées comme excédentaires.

Le Canada aura reçu en tout 20 millions de doses d’AstraZeneca, grâce à un accord d’achat anticipé, mais la demande pour le vaccin a chuté à mesure qu’augmentait l’offre des vaccins à ARNm.