Les infractions aux règles sanitaires du propriétaire du Méga Fitness Gym étaient connues « de longue date », a soutenu mercredi la ministre Geneviève Guilbault, en disant espérer que l’établissement ait maintenant « appris de ses erreurs », à l’aube de sa réouverture.

« Ce n’est pas ce qui nous rend le plus fiers dans la capitale nationale, cet épisode. Et c’était connu de longue date que ce gym-là était en infraction. Ça a pris un certain temps avant qu’on le ferme. Là, je pense qu’il va y avoir probablement une certaine surveillance à la suite de la réouverture », a expliqué la vice-première ministre, en mêlée de presse.

Elle réagissait à un reportage de TVA Nouvelles, publié la veille, qui révélait que l’éclosion de COVID-19 au gym serait responsable d’environ 700 cas et 70 foyers de contamination secondaire.

Mme Guilbault dit avoir entendu des « ouï-dire » du député de Chauveau, Sylvain Lévesque, comme quoi « il y avait l’air d’y avoir du monde » à l’intérieur. « Je pense que ça faisait un certain temps que c’était plus ou moins légalement ouvert. […] Il y avait beaucoup de clients ? C’était ouvert à tous les jours ? Je ne le sais pas. Mais il y avait des ouï-dire à l’effet qu’il était peut-être en infraction avec les règles », a soutenu la ministre, en parlant du propriétaire, Dan Marino.

Ce dernier a offert des entrevues à plusieurs médias dans les derniers jours, dont Radio-Canada et Noovo, en disant prendre une partie du blâme, mais en s’en prenant à certains usagers. « Il ne faut pas nous accuser pour cinq ou six imbéciles qui se promenaient dans le gymnase sans masque », a-t-il dit. La Presse a tenté de joindre M. Marino mercredi, sans succès.

Au Salon bleu de l’Assemblée nationale, Mme Guilbault a révélé plus tard qu’elle était directement intervenue dans le dossier, l’été dernier. « Ce que j’ai fait très concrètement, le 20 juillet 2020, j’ai signalé la chose à un représentant de la Santé publique, tout simplement », a-t-elle répondu au libéral, André Fortin.

Une réouverture lundi

Le Méga Fitness Gym devrait rouvrir ses portes lundi, alors que la Capitale-Nationale repassera à son tour en zone orange et que l’ordonnance de fermeture contre l’établissement arrive à sa fin. « Il a le droit d’opérer. J’ose croire, même si des fois ses propos ne sont peut-être pas rassurants, qu’il a appris de ses erreurs », a prévenu Mme Guilbault.

Le CIUSSS de la Capitale-Nationale confirme que l’entreprise pourra reprendre ses activités lundi, après avoir « présenté un plan de réouverture au directeur de santé publique ». Une visite a été faite dans le milieu. « Nous surveillerons étroitement cet établissement et nous nous assurerons, par des suivis et des visites sur place, que les consignes sanitaires y soient appliquées avec rigueur. Nous ne permettrons pas qu’une situation portant atteinte à la santé et sécurité de la population y survienne à nouveau », martèle toutefois le porte-parole, Mathieu Boivin.

Pour que les choses soient bien claires : il est de la responsabilité de l’exploitant de s’assurer que toute personne qui est présente dans son centre, travailleur ou client, applique les mesures sanitaires.

Mathieu Boivin, porte-parole du CIUSSS de la Capitale-Nationale

Chez Québec solidaire, le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas mâché ses mots mercredi, à ce sujet. « Je ne sais pas si c’est criminel, mais c’est moralement inadmissible. Pour des raisons mercantiles ou idéologiques, mettre la vie d’autant de gens en danger, je n’ai pas de mot pour décrire à quel point c’est un comportement irresponsable », a-t-il soutenu, refusant toutefois de s’avancer sur une fermeture prolongée, en disant ignorer les « possibilités juridiques ».

« Avec ce qui s’est passé, je pense que la Santé publique doit s’assurer de surveiller de très près ce qui se passe pour qu’on ne revive pas la situation dans laquelle on s’est retrouvée », a quant à elle imploré la chef libérale, Dominique Anglade.

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, voit en Dan Marino un propriétaire « ouvertement contre les mesures sanitaires ». « Aujourd’hui, il blâme ses clients en s’en lave les mains, alors que c’était su à l’époque que clairement, c’était un endroit où, ouvertement, on ne respectait pas les règles. Ce n’était pas tant les gyms le problème, parce qu’on a vu que, partout ailleurs au Québec, ça n’a pas eu ces conséquences », a conclu l’élu.