(Ottawa) Le vaccin Johnson & Johnson — dont 300 000 doses arrivées au pays la semaine dernière sont toujours bloquées — peut être administré aux personnes de 30 ans et plus, a tranché lundi le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).

À l’instar du vaccin d’AstraZeneca, ce vaccin à vecteur viral peut être donné « aux personnes de 30 ans et plus sans contre-indications, uniquement si la personne préfère un vaccin plus précoce plutôt que d’attendre un vaccin à ARNm », lit-on dans l’avis rendu public par le CCNI.

En conférence de presse, la présidente du comité, la Dre Caroline Quach, a soutenu que l’efficacité du vaccin à une dose était évaluée à 67 % pour la prévention des infections symptomatiques modérées à sévères. Elle a ajouté qu’il semblait efficace contre les variants sud-africain (B.1351) et brésilien (P2).

Le CCNI maintient sa préférence pour les vaccins à ARNm comme Pfizer-BioNTech et Moderna en raison de l’excellence de la protection qu’ils offrent, et de l’absence d’effets indésirables comme les thromboses, très rares, qui découlent de leur utilisation, a souligné la Dre Quach.

Cela ne signifie pas que l’avis du comité est à contre-courant du plaidoyer martelé par le gouvernement, soit que le meilleur vaccin est le premier que l’on se fait offrir, a plaidé la pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine.

« Le risque de thrombose ne varie pas selon l’âge, mais le risque de complications liées à la COVID-19, lui, va varier selon l’âge et la situation autour de vous. Donc si vous êtes dans une province ou une région où il y a énormément de cas de COVID-19, ça vaut tout à fait la peine de se faire vacciner plus tôt pour avoir une protection plus rapide », a-t-elle argué.

Les recommandations du CCNI ne sont pas contraignantes. Il revient aux provinces et aux territoires de trancher en matière d’immunisation.

Les doses toujours bloquées

L’avis du CCNI est rendu public quelques jours après que Santé Canada a annoncé qu’il mettait sur la glace la distribution des 300 000 doses initiales du vaccin Johnson & Johnson (Janssen) qui étaient arrivées au pays deux jours auparavant, et ce, en raison de préoccupations liées à la qualité du produit.

La décision est tombée après qu’on a appris « qu’une substance médicamenteuse produite à l’installation d’Emergent [dans l’État du Maryland] avait été utilisée dans la fabrication des doses du vaccin de Janssen qui devaient initialement être utilisées au Canada et qui ont été reçues le 28 avril ».

Les vaccins ont cependant été fabriqués dans une autre installation à l’extérieur des États-Unis », a précisé Santé Canada dans le communiqué transmis aux médias vendredi en début de soirée.

Des médias américains ont rapporté au début avril que des employés d’Emergent BioSolutions, l’usine de Baltimore qui produit les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson, avaient accidentellement mélangé certains ingrédients, ruinant 15 millions de doses.

Le sous-administrateur en chef de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), le DHoward Njoo, a dit ne pas être au courant du moment où le gouvernement fédéral a été informé des pépins manufacturiers ayant mené au blocage de la distribution des 300 000 doses, ni quand elle pourrait reprendre.

Chez Santé Canada, on a demandé à Janssen « des renseignements supplémentaires pour vérifier la qualité des lots destinés au Canada ainsi que les mesures de contrôle de la qualité qui ont été mises en place dans les installations d’Emergent BioSolutions pour assurer la qualité des futurs lots destinés au Canada ».

Au final, « la décision de libérer les lots ne sera prise qu’une fois que Santé Canada aura procédé à une évaluation approfondie des informations reçues et qu’il sera convaincu » qu’ils répondent à ses exigences en matière de normes de qualité, a-t-on déclaré par voie de communiqué, lundi.

Suspendu au Danemark

Le Danemark, qui avait été le premier pays en Europe à abandonner le vaccin d’AstraZeneca, a annoncé lundi faire également une croix sur celui de Johnson & Johnson à cause de possibles effets secondaires graves, et ce, malgré les feux verts du régulateur européen et de l’OMS.

« L’autorité nationale de santé danoise a conclu que les avantages de l’utilisation du vaccin de Johnson & Johnson ne l’emportent pas sur le risque de provoquer un éventuel effet indésirable, le VITT [un type très rare de thrombose], chez les personnes qui reçoivent le vaccin », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Avec l’Agence France-Presse