En situation critique et sous surveillance étroite de la part de la Santé publique, la MRC de Manicouagan, où se concentre la flambée des cas de la Côte-Nord, espère éviter de passer au palier rouge.

La Côte-Nord a recensé seulement 507 cas de COVID-19 depuis le début de la pandémie. Mais plus du quart, soit 143, ont été enregistrés depuis le début du mois. Et 72 % de ces cas d’avril ont été détectés dans la MRC de Manicouagan, dont les trois quarts de la population habitent Baie-Comeau.

« La situation dans Manicouagan est critique », a souligné le directeur de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord, le DRichard Fachehoun, en point de presse mardi matin.

« C’est clair qu’on est en surveillance étroite », a renchéri quelques heures plus tard le directeur national de santé publique du Québec, le DHoracio Arruda, au sujet de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent.

Si jamais la situation continue à se dégrader, ou qu’on ne voie pas une inversion, on va agir en conséquence.

Le Dr Horacio Arruda

Un député péquiste de la région, Martin Ouellet (René-Lévesque), a aussi déclaré que la situation était « alarmante » mardi, et qu’il entendait se ranger derrière les autorités si elles décidaient de faire passer la région en zone rouge.

Outre l’éclosion à l’école primaire Bois-du-Nord, à Baie-Comeau, qui a généré 24 cas depuis sa fermeture la semaine dernière, la MRC compte quatre petites éclosions (moins de cinq cas), dont deux autres en milieu scolaire, une dans le secteur de la restauration et une au centre de détention de Baie-Comeau.

Presque tous les cas détectés depuis une semaine dans la MRC sont attribuables au variant britannique.

Un appel au respect

« Nous avons perdu une bataille face au variant », a reconnu le DFachehoun mardi.

L’augmentation des cas durant la fin de semaine a fait craindre à des commerçants de retomber au palier rouge, témoigne le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Manicouagan, Antonio Hortas. « Les gens soufflent un peu aujourd’hui de voir qu’on est en zone orange, mais ça les motive aussi à redoubler d’efforts. »

De son côté, le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, multiplie les messages d’alerte à la population. Voyant que les publicités achetées sur les radios locales et les réseaux sociaux la semaine dernière ne suffisaient pas, la Ville a carrément mis son système d’appels d’urgence à la disposition de la Santé publique mardi. « Si vous êtes en isolement, respectez les consignes », indiquait notamment le message automatisé envoyé aux téléphones des résidants.

On demande aux citoyens d’être honnêtes, de respecter les consignes de la Santé publique et de ne pas sortir en public avec un enfant qui a été retiré du milieu scolaire.

Yves Montigny, maire de Baie-Comeau

Des commerçants ont été fâchés d’apprendre, après coup, qu’ils avaient eu des clients dans cette situation, dit-il.

Des discussions ont eu lieu avec la Sûreté du Québec pour intensifier la présence policière, mais avec quelque 30 000 habitants dans une MRC de 34 000 km2, « il faut faire appel à la bonne foi des citoyens ».

« N’allez pas vous cacher dans un chalet, ça n’a pas de bon sens, vous mettez à risque la santé de toute notre population nord-côtière », a lancé le maire de Baie-Comeau.

Ses citoyens sont capables de se ressaisir et de se prendre en main « sans mettre en place des mesures additionnelles », croit-il toutefois. « Les Nord-Côtiers sont des gens fiers qui ont construit une région qui était, pour plein de monde, totalement inhabitable », a fait valoir M. Montigny.